Le président l’association des rapatriés de Libye, Moussa Kébé a menacé, lundi, d’arrêter de retenir les jeunes tentés par l’aventure si les financements tant demandés pour des activités génératrices de revenus ne sont pas effectifs. « En fin 2016, si nous n’avons pas de financement, je dirai à tous les rapatriés que ceux veulent partir repartent’’, a dit Moussa Kébé, en marge d’une cérémonie de pose de la première pierre du forage de Lélékone dans la commune de Koussan, financé en partie par le Projet d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (PAISD). La cérémonie avait enregistré la présence de l’adjoint au gouverneur de Tambacounda, Abdou Khadre Diop et l’ambassadeur de France Jean Félix Paganon. ‘’Cent-dix jeunes ressortissants du département de Goudiry sont restés dans l’océan depuis avril 2015’’, a relevé M. Kébé qui est aussi président du conseil de la jeunesse pour l’arrondissement de Boynguel Bamba (Tambacounda). ‘’On a fait des demandes de financement depuis 2014, et personne n’est parti (à l’émigration) parce que je discute avec eux pour leur demander de patienter, mais si je n’arrive plus à les convaincre, je leur dirai : ‘que ceux peuvent partir le fassent’’, a-t-il poursuivi. Refoulé de la Libye depuis 2014, ce combattant contre l’émigration clandestine dans le Boundou a souligné l’existence dans la localité de « centaines d’hectares de terres », mais les jeunes n’ont pas les moyens pour « acheter des tracteurs » pour leur exploitation. « Au vu de mes responsabilités actuelles, je ne compte plus aller en Europe que par la voie légale, mais je ne peux en empêcher mes camarades sans leur proposer une alternative », a souligné Moussa Kébé. Tous les trois mois il organise avec l’appui du conseil départemental de Goudiry, une journée de sensibilisation pour dissuader la frange juvénile de tenter la traversée périlleuse du désert et de la mer. ‘’Ici, seule l’émigration marche, on n’a ni métier, ni formation’’, a-t-il soutenu, relevant que les jeunes qui restent sont « soumis à la pression sociale, et se sentent humiliés de voir leurs camarades qui sont allés en Europe, réaliser dans le village ce qu’ils ne peuvent espérer ». ‘’Tu vois un gars qui est là-bas acheter une voiture, et toi tu ne peux même pas acheter un sachet de café’’, a-t-il ironisé, ajoutant que cela est ressenti comme une humiliation par les jeunes restés au bercail et qui font face aux piques lancées par les populations. Les 300 émigrés originaires de Goudiry rapatriés de la Libye par l’Etat se sont constitué en GIE, a indiqué M. Kébé informant que la seule fille qui a été employée dans le secteur de la santé s’est finalement rendue en France. Moussa Kébé a dit s’être rendu en 2014 en Libye après avoir vendu, à l’insu de son père, 10 vaches entre 150.000 et 200.000 francs CFA la bête. Moussa Kébé a expliqué avoir alors emprunté le trajet classique Mali-Burkina-Niger-Libye à bord d’une pirogue qui s’est cassée à deux reprises en cours de route laissant en mer au total 65 personnes. « Nous avons ensuite été arrêtés et mis en prison pendant trois mois à Misrata » (Libye), a-t-il raconté. « Les Sénégalais ont contacté les émigrés en France qui ont à leur tour joint l’ambassade du Sénégal en Tunisie et de fil en aiguille l’Etat a envoyé un avion nous chercher », a-t-il expliqué.
Source:APS