Un procès historique s’est ouvert ce mardi 10 mai en France. Deux anciens bourgmestres rwandais sont accusés de participation au génocide de 1994. C’est le début de huit semaines d’audience à l’issue desquelles les deux hommes risquent la condamnation pour crime contre l’humanité et génocide. Octavien Ngenzi et Tito Barahira nient les faits. Ce mardi matin, ils ont fait preuve de beaucoup de calme.
Aucune tension n’est perceptible chez ces deux accusés parfaitement sereins. Octavien Ngenzi, 58 ans, et Tito Barahira, 65 ans, assis côte à côte, le premier sur le banc en chêne, le second dans un confortable fauteuil en raison de sa maladie. Dialysé, Tito Barahira doit se reposer toutes les deux heures et être hospitalisé trois fois par semaine, ce qui ne va pas manquer de perturber ce procès prévu pour durer huit longues semaines.
Mais les deux hommes l’ont juré à la cour, ils comptent bien s’s’expliquer sur leurs faits et gestes de ce 13 avril 1994, jour où furent massacrés des centaines de Tutsis dans l’église de leur commune de Kabarondo, petite localité proche de la frontière tanzanienne où les réfugiés affluaient lors de la tragédie. Ces deux anciens bourgmestres ont-ils donné des ordres ? Organisé les massacres, tout en y participant, comme le soutient l’accusation ? Octavien Ngenzi, arrêté à Mayotte en 2010 où il se cachait sous une fausse identité, et Tito Barahira, interpellé en 2013 à Toulouse, ont toujours farouchement nié ces accusations.
Mais contrairement au premier procès pour génocide, celui de Pascal Simbikangwa qui s’est tenu à Paris il y a deux ans, cette fois plusieurs dizaines de victimes directes sont attendues à la barre. C’est vraiment ce qui avait manqué à ce premier procès. Pascal Simbikangwa n’était poursuivi que pour son rôle d’organisateur, pas de tueur. Cette fois, des dizaines de Rwandais, témoins directs des faits, sont attendus à la barre. A l’instar du curé de la paroisse qui a assisté aux tueries de masse dans son église. Il sera entendu dans 15 jours et ces témoignages apporteront bien sûr une émotion, une dramaturgie très particulière. Les deux accusés encourent la réclusion à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.
Source:RFI.Fr