Dans un climat social tendu, gares, métro et aéroports seront fermés vendredi et samedi à Buenos Aires. Pour assurer la sécurité d’une vingtaine de chefs d’État, le gouvernement a pris des mesures radicales dont l’instauration d’un jour férié.
La tenue du G20 dans la capitale argentine est devenue au fil des mois une question sécuritaire sensible. Les incidents survenus en amont de la finale de la Copa Libertadores entre les clubs rivaux de Buenos Aires sont venus alimenter les polémiques autour des mesures de sécurité drastiques prévues pour le sommet qui réunira entre autre Donald Trump, Emmanuel Macron, Vladimir Poutine, Xi Jin Ping ou encore Mohammed ben Salmane et Recep Tayyip Erdogan.
Mesures de sécurité exceptionnelles et équipements chinois
22 000 policiers et militaires ainsi que 15 000 salariés de la ville sont mobilisés, 4 millions de dollars ont été affectés à l’opération qui devra gérer l’afflux de 15 000 personnes liées aux différentes délégations qui séjourneront cette semaine à Buenos Aires.
Le gouvernement argentin a également reçu un beau cadeau en provenance de Pékin : 30 motos dédiées à la protection rapprochée, deux véhicules anti-émeutes de déploiement rapide, quatre blindés, 87 détecteurs d’explosifs, etc… le tout pour une valeur de 18 millions de dollars.
Selon le quotidien Clarin, les États-Unis vont envoyer un navire de guerre et un avion de l’US Airforce pour sécuriser l’espace aérien et maritime tandis que Donald Trump devrait être entouré de 1000 agents de sécurité. De même, du 26 novembre au 3 décembre, le voisin uruguayen a autorisé les États-Unis à stationner du matériel et des hommes sur son territoire pour assurer la sécurité de sa délégation. Seuls Vladimir Poutine et Xi Jin Ping rivaliseront en terme de dispositifs sécuritaires.
Criminalisation des mouvements de protestation
Depuis des semaines, le gouvernement met en avant des incidents mineurs intervenus dans la capitale (faux colis piégés, explosion devant un commissariat) et la menace de groupes militants d’extrême gauche pour justifier un tel déploiement.
Cette opération inquiète certaines organisations de défense des droits de l’homme qui estiment que le gouvernement argentin utilise le pretexte du G20 pour restreindre les libertés publiques. Le très respecté CELS (Centre d’études légales et sociales, fondé sous la dictature militaire) estime que le gouvernement « s’emploie à créer un ennemi intérieur et tente de justifier un niveau encore plus élevé de persécution des dissidents politiques, de répression et de criminalisation des manifestations » et ajoute qu’il « crée un climat de peur et d’intimidation de l’opposition ».
Il en faudra cependant un peu plus pour empêcher de descendre dans la rue tout ce que Buenos Aires compte d’opposants à la philosophie du G20 en général et aux politiques d’austérité du gouvernement de Mauricio Macri en particulier.
Ce lundi, une manifestation a rendu hommage à Rodolfo Orellana, un militant de la CTEP (Confédération des travailleurs de l’économie populaire) tué par la police lors de l’occupation d’un terrain dans la banlieue de Buenos Aires le 22 novembre 2018. Mardi, une kyrielle d’organisation sociales se sont réunies dans le stade du Club d’Atlanta et appellent à défiler vendredi, avec le slogan « Non au G20, dehors le FMI ».
Confronté à une grave crise économique et sociale, le gouvernement argentin a recours depuis plusieurs mois à des prêts du FMI et conduit une stricte politique d’austérité. Face au mécontentement social et à la hausse de la pauvreté, il redoute des manifestations telles que celles qui avaient enflammé Hambourg il y a un an, lors de la tenue du précédent G20.
France 24