Une tête de cochon et du sang animal ont été retrouvés lundi matin sur le site d’une future mosquée à Bergerac (sud-ouest), un chantier contesté depuis son lancement en février.
« Le ou les auteurs ont badigeonné les murs avec du sang animal et ils ont mis une tête de porc découpée » sur la porte d’entrée du chantier, a dit à l’AFP Charles Charollois, vice-procureur à Bergerac, précisant qu’il ne leur avait fallu que « quelques minutes » pour le faire. Les ouvriers travaillant sur le chantier les ont découvertes lundi matin vers 7h30.
Ces dégradations ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi sur les murs en construction de la mosquée, à l’intérieur et à l’extérieur, a raconté la police, précisant que le chantier était accessible dans ce quartier d’habitation de Bergerac. « Ce chantier est contesté. Il y a eu des recours administratifs et juridiques pour le mettre en échec, donc il y a plusieurs pistes à vérifier », a souligné Charollois.
Le préfet de la région, Frédéric Périssat, a « dénoncé et condamné fermement ces actes qui portent atteinte à la liberté de conscience et d’expression des cultes et sont contraires aux principes de la laïcité ». L’Association culturelle des Marocains du département de la Dordogne, qui finance la mosquée, a porté plainte au commissariat de Bergerac, tout comme va le faire la municipalité qui a dénoncé dans un communiqué des « agissements minables et odieux ».
Dans ce communiqué, le maire Daniel Garrigue a par ailleurs dénoncé une « campagne d’affichage incitant à la haine religieuse qui s’est développée sur Bergerac ces derniers jours », exprimant sa volonté de saisir le parquet à ce sujet. Le maire a dit à l’AFP qu’il faisait référence à des affiches d’une « Assemblée des droites nationales » portant le slogan « Bergerac ville du Périgord, pas d’Islam ! » et qu’il a repérées depuis ce week-end dans la sous-préfecture.
« Je ne peux pas dire que (ces deux affaires) sont liées mais je constate que c’est le même état esprit », a déclaré Garrigue. « Dans un cas, c’est le passage à l’acte et dans l’autre c’est de l’appel à la haine religieuse ». Depuis le début des travaux de construction de la mosquée en février, un autre incident était survenu, sans faire l’objet d’une plainte : des sacs de ciment avaient été retrouvés éventrés devant le chantier. Selon le parquet de Bergerac, des dégradations sur un édifice affecté au culte constituent une « dégradation aggravée », ce qui est passible de sept ans de prison.