Près de 86.000 demandes d’asile ont été enregistrées l’an dernier par l’Ofpra, qui se targue de faire désormais jeu égal avec les autres pays européens en termes de protection des réfugiés – même si les flux restent très en deçà de l’Allemagne.
Avec très exactement 85.726 demandes d’asile, la hausse a atteint 7,1% l’an dernier, selon le rapport annuel publié vendredi par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides(Ofpra). On est « loin d’un afflux massif », souligne Pascal Brice, le directeur général de l’Office, en conclusion du rapport.
Même si l’on rajoute les migrants ayant déposé un dossier en préfecture mais relevant d’un autre pays européen au terme de la procédure dite « de Dublin », la hausse est de 20%, soit 97.300 dossiers, selon l’Intérieur.
Par comparaison, l’Allemagne a reçu l’an dernier 722.000 demandes (soit 60% des dossiers déposés dans l’UE), loin devant la France et l’Italie, selon les chiffres d’Eurostat.
Du côté de l’Ofpra, on met en avant le taux de protection qui a progressé, puisque 38% des demandeurs obtiennent désormais l’asile (avec les procédures d’appel), « un record historique ».Ce taux était de 20% en 2013.
Le taux de protection est « désormais comparable aux principaux pays d’accueil dans l’UE », souligne Pascal Brice dans sa conclusion, alors que la France est régulièrement accusée de ne plus être une terre d’accueil pour les réfugiés.
Raccourcissement des délais d’instruction, interventions hors les murs: « cette modernisation en profondeur est le fruit de la mobilisation des agents de l’Ofpra et de l’effort budgétaire exceptionnel consenti par l’État », souligne M. Brice.
– « Culture de l’asile » –
Le nombre d’employés de l’Ofpra est ainsi passé de 475 à 800 ces dernières années. Au ministère de l’Intérieur, on souligne régulièrement que l’effort concerne aussi l’hébergement, avec un doublement, à 40.000, du nombre de places en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) au cours du quinquennat.
Effort « sans précédent » mais « néanmoins insuffisant », nuançait toutefois la Cimade dans son état des lieux fin mars, puisque « seule la moitié des demandeurs d’asile » bénéficie de l’hébergement auquel il a droit.
Comme les autres pays européens, la France a vu arriver des migrants en provenance de pays en crise l’an dernier: Soudan (6.163 demandes), Afghanistan (6.126), Syrie (6.085)… avec deux spécificités: d’abord les Albanais, qui ont représenté 7.432 dossiers l’an dernier (un doublement sur un an), et ensuite Haïti (5.355), avec une demande concentrée sur la Guyane au point d’engorger les dispositifs.
L’année 2016 aura aussi été marquée, du point de vue de l’asile, par la « Jungle » de Calais où s’entassaient des milliers des personnes, et démantelée en octobre. Les migrants ont été orientés vers des CAO (centres d’accueil et d’orientation) en régions pour y demander l’asile.
« C’est cet exemple donné par le pays, respectueux de la dignité, du droit d’asile, fondé sur la générosité et sur la maîtrise, qui nous inspire », souligne M. Brice, qui se félicite de la « culture de l’asile » instillée à Calais.
Pour les convaincre de quitter d’eux-mêmes le bidonville, les autorités avaient promis à ceux qui avaient laissé leurs empreintes dans un autre pays européen de ne pas les renvoyer vers ce pays. Objet de controverses entre les associations et l’administration, cette promesse a été confirmée en mars par l’Intérieur.
« Le droit d’asile est un trésor qu’il convient de chérir », souligne M. Brice, qui rappelle « l’indépendance » de l’Ofpra et sa volonté de « poursuivre son action au service du seul droit d’asile, indépendamment de toute autre considération, migratoire ou diplomatique ».
En 2017, la question de l’asile se pose dans des termes différents pour les migrants transitant par le centre de Paris, ou ceux du camp de Grande-Synthe (Nord), puisque aucune promesse ne leur a été faite de ne pas les renvoyer vers un autre pays européen s’ils y ont laissé une trace.
Au delà, « le principal défi tient désormais à l’intégration de ceux qui se voient reconnaître la protection de la République », souligne M. Brice.