Le premier ministre Français, Monsieur Edouard Philipe, sera à Dakar ces 17 et 18 Novembre 2019 pour les besoins du forum international de DAKAR sur le thème « Paix et Sécurité en Afrique » : les défis actuels du multipartisme.
C’est aussi pour un conseil des ministres bilatéral que le PM Français arrive à Dakar avec une forte délégation d’officiels, de militaires et de capitaines d’industrie qui viendront renforcer la présence française.
Cette visite est pour nous l’occasion d’exprimer une préoccupation fondamentale née de la politique européocentriste voire « francocentriste » de l’ancienne métropole coloniale, la France qui cherche encore par tous les moyens à avoir une certaine suprématie sur le continent.
Ce forum est un subterfuge.
Depuis le Brexit, la France tente de contrôler toutes les richesses du continent dans sa démarche expansionniste. Elle cherche à dévier toute l’aide européenne voire internationale vers ses intérêts géopolitiques en Afrique. La lutte contre le terrorisme, l’aide au développement sont un instrument de politique internationale comme ce fut le cas du plan Marchal dans la lutte contre le communisme.
En réalité au lieu de cibler la croissance économique domestique, elle cherche à créer une richesse en dehors de ses frontières avec comme cible les ressources naturelles du continent africain.
Sinon comment expliquer le rôle prééminent de la France dans ce sommet international sur la paix et la sécurité qui devrait normalement mettre le conseil de sécurité de l’ONU en pole position ?
Telle est la nouvelle forme de domination exercée sous le couvert de la mondialisation par les pays du Nord dont la France vers les pays du Sud.
Halte à l’Eurocentrisme.
Nous devons travailler à une nouvelle prise de conscience pour une remise en cause de cette idéologie dénoncée depuis les années 1950 et qui voudrait faire de l’Europe ou de l’occident la norme de jugement de l’histoire universelle.
Pour ce faire, tous les intellectuels sont interpelés pour une riposte à la dimension de l’affront que ne cessent de faire subir les occidentaux depuis l’esclavage, la traite des négres ou plus récemment la colonisation.
Pour comprendre le poids de la menace de la sécurité et de la paix dans le monde, il suffit d’observer les relations entre les Etats et les conséquences qui en découlent tant au niveau interne (entre les populations) qu’au niveau externe (entre les États ou Nations)
On s’aperçoit ainsi que les conflits non réglés, la pauvreté, les injustices sont sources de tensions et de menace de la paix et de la sécurité.
Le Sénégal, porte d’entrée des influences
Le Sénégal ne serait pas à son premier test, la dévaluation du franc CFA en 1994 et ses péripéties ont été bien négociées à Dakar. C’est officiel le Bénin a déjà entrepris la révision de son lien ombilical avec l’ancien colonisateur !
Pour les autres, les regards sont fixés sur le sommet de Dakar, pour tous ce sera un quitte ou double ! Ça passe ou ça casse comme la roulette russe ! La balle est dans le camp des autorités sénégalaises et la responsabilité est historique.
Au chapitre des migrations internationales, les autorités africaines notamment francophones de ce forum devraient focaliser le débat sur les perspectives de recul de la nouvelle politique de la France sur l’immigration et le droit d’asile, sur son influence négative, sélective et isolée des conventions internationales, les amalgames pour retarder l’intégration massive des migrants dans la société moins sécularisée, etc.,
La chute du mur de Berlin a entrainé la disparition des idéologies faisant place aux questions identitaires dans un monde mondialisé.
Il serait nécessaire de s’arrêter pour faire une évaluation des réponses de la communauté internationale face aux problématiques liées à la mobilité croissante des populations.
Peut-on parler de paix et de sécurité sans évoquer le cas de ces milliers de jeunes africains qui meurent aux portes de l’Europe (plus de 20000 depuis 2014).
La migration pose des enjeux géopolitiques et dévoile des aspects aux conséquences incalculables dans nos sociétés en situation de vulnérabilité chronique.
Elle pose des problématiques de paix, de sécurité, d’intégrité et de dignité humaine.
Fort de ce constat, il est étonnant que les dirigeants africains se rencontrent à Dakar pour discuter des défis qui posent les problématiques de la démocratie et de bonne gouvernance sans évoquer les enjeux sécuritaires liés à la mobilité de cette jeunesse africaine en quête d’un avenir digne.
Une rencontre aussi importante devrait plutôt poser la problématique de l’émigration clandestine qui génère toute une économie souterraine et criminelle (10 milliards de dollars en 2016) qui charrie le trafic d’êtres humains, de drogue, d’armes, d’organes et de violence faites aux femmes et enfants.
Une façon de dire que cette rencontre risque d’être une plus pour ne pas dire inefficace si les organisateurs ne se remettent pas en question pour une relecture des perspectives dans la gestion du triptyque (immigration-Paix-Sécurité) mis en exergue par horizon sans frontières (lien de concorde entre les peuples) pour un développement humain durable.
Cette nouvelle stratégie prend en compte les évolutions récentes de l’environnement et le contexte géopolitique mondial mettant en lumière les dangers multiformes qui menacent à la fois les États, les Nations et les peuples.
Alors à Monsieur Edouard Philipe et à vous autres qui incarnez ce semblez désir de paix et sécurité en Afrique, nous vous demandons tout simplement d’arrêter ce cirque.
En voulant indiquer une direction qui reste difficile voire impossible à définir, ne serait pas mieux d’inviter à une réflexion commune pour assurer à tous les peuples ce « droit international à l’immigration, à la paix et à la sécurité «
C’est juste à cette réflexion qu’Horizon Sans Frontières invite tout le monde pour une prise en charge réelle et efficace de cette problématique.
Boubacar Séye
Chercheur en migrations internationales
Président d’Horizon Sans Frontières