Au Sénégal, le financement de l’économie est toujours une préoccupation majeure pour les entrepreneurs et surtout pour les autorités. En effet, les opérateurs économiques disent toujours souffrir pour trouver des crédits auprès des banques pour pouvoir financer leurs activités. Une situation sur laquelle le Directeur général du Groupe société générale au Sénégal, a donné son analyse.
Les risques que les banques ne veulent pas prendre
En effet, Georges Wega, lors de la célébration de l’an 1 du ‘‘Lab innovation’’ du groupe société générale, ce jeudi, explique que «plusieurs raisons peuvent justifier le décalage entre ce qui peut être attendu et ce qui peut être offert par les banques». Et la première réside surtout dans la prudence des banques à ne pas engager les ressources de leurs clients dans des mains risquées. «Une banque ne fabrique pas de l’argent. Ce sont des clients qui nous font confiance en déposant leurs fonds et nous, à notre tour, nous devons les placer de manière responsable et sans prendre de risques qui pourraient mettre en péril les fonds de nos déposants. Donc quand on a en face de nous des clients qui ne nous inspirent pas la confiance nécessaire pour prendre le risque de placer les fonds de nos clients, nous faisons le choix de ne pas risquer les fonds de nos clients», explique le patron de la Sgbs.
Un bureau pour analyser le profil à risque du client
Pour lever ce premier écueil, M. Wega estime qu’il y a un vrai travail à faire avec tous les acteurs. «Les banques ont un rôle à jouer, les Etats ont un rôle à jouer, les clients aussi. Un travail de transparence, un travail d’ouverture pour permettre la confiance nécessaire pour gager les fonds de nos clients», indique-t-il. Le banquier révèle même, pour s’en réjouir, que la banque centrale a mis en place un dispositif, précisément un bureau de crédits, qui va permettre de «mieux analyser et de mieux connaître le profil à risque des clients» et de permettre aux banques «d’aller plus rapidement dans les décisions de crédits».
Beaucoup de ressources courtes, peu de ressources longues
Les autres causes du problème sont structurelles, renseigne le banquier. «C’est liées à des secteurs, comme l’agriculture, qui sont encore bien moins maitrisées dans leurs chaines de valeurs. Des secteurs qui, pour la plupart, demandent un temps assez long pour réaliser des retours. Vous comprenez que dans nos banques, notamment les banques africaines, nous avons beaucoup de ressources de courte durée et des clients viennent nous demander des prêts sur des durées plus longues». Face à une telle équation, les banques ont besoin d’une adéquation sur la durée des ressources et la durée des crédits. Un problème que la mise en place de mécanismes de collecte d’épargnes longues, avec l’aide de la banque centrale, pourrait solutionner. Ce afin «de pouvoir faire plus rapidement et plus efficacement face à la demande de crédits de longue durée qui est souvent celle recherché par un certain nombre de clients».
M. Wega assure, cependant, que sa banque est «un des acteurs majeurs du financement de l’économie au Sénégal». Quant aux taux d’intérêt élevés, le patron de la Sgbs souligne que, en ce moment, sa banque opère une promo « avec un taux «à 5%, du jamais vu au Sénégal». «C’est notre manière d’accompagner l’économie. Donc on ne peut pas être indexée comme la banque qui pratique des taux élevés», indique-t-il.
Youssouf SANE