A Dakar depuis ce dimanche, la Secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samba Diouf Samoura a été respectivement reçue par le ministre des Sports, Matar Ba, et le président de la Fédération de football, Me Augustin Senghor, ce mardi matin. Ces deux personnalités se sont réjoui d’accueillir une compatriote qui occupe une place centrale dans le développement du football. Pour le ministre, cette dernière y est avant tout à cause de ses qualités. Quant à la concernée, elle revient ici sur les contours du projet d’ouverture d’un Bureau régional à Dakar.
« Pourquoi le Bureau quitte Abidjan pour Dakar »
« Ma maman vit toujours au Sénégal, c’est donc normal que je vienne ici de temps en temps. Maintenant, cette fois-ci, c’est pour apporter une bonne nouvelle : l’ouverture imminente d’un Bureau régional de la FIFA à Dakar. Avant la mise en place des nouvelles réformes, il y avait quatre Bureaux en Afrique. En ce qui concerne notre région (Afrique de l’Ouest), le Bureau était installé en Côte d’Ivoire. Et suite à la réorganisation de l’administration, on a décidé, pour des raisons de commodité, mais aussi de proximité de Bureaux, de mettre en place un au Sénégal. Il doit être attribué à titre gratuit. J’ai officiellement annoncé la nouvelle, hier (lundi), au Premier ministre (Mohammad Dionne). J’espère qu’avec l’accord des autorités sénégalaises, que ça sera fonctionnel sous peu. »
« Que l’exemple de Saër Seck avec Diambars soit multiplié par 10, 20, voire plus »
« On devrait passer la journée ici si on devait parler de mes attentes à la Fédération. Mon vœu le plus important est que le foot- ball ne soit pas dominé par la politique. Quand on parle de la discipline, on pense aux jeunes qui sont dans la rue et que leurs conditions pourraient être améliorées. Il faut qu’il y ait beaucoup d’académies, que l’exemple de Saër Seck avec Diambars soit multiplié par 10, 20, voire plus. Et qu’on n’ait pas dans toutes les régions d’Afrique le football professionnel comme ligne de mire. Seuls 2% des gens qui jouent au football sont des professionnels. »
« Près de 800 millions FCfa par année pour chaque Fédération »
« A la différence des autres, ce Bureau régional ne sera pas une re- présentation qui fera office de boîte aux lettres. Pour qu’il puisse servir d’extension pour en mettre en place, dans une grande mesure, le Programme Forward, mais aussi toutes les réformes en cours depuis le mois de mai, il sera composé de cinq personnes dont un Directeur, un Directeur tech- nique, un responsable du Marketing. La FIFA a décidé de consolider le Programme Goal et autres autour du Programme Forward. C’est sur cette base que le président Gianni Infantino a été élu et qui consiste à multiplier par quatre les revenus habituellement attribués sous les différents programmes.
Pour Forward, chacune des 211 associations membres peut bénéficier, chaque année, d’une allocation d’1 250 000 de dollars (773,7 millions FCfa). Les 500 000 (309,5 millions FCfa) sont destinés au coût opérationnel et administratif, les 750 000 (464,2 millions FCfa) pour le développement des compétitions. En plus, les pays enclavés et qui ont des problèmes logis- tiques, ont une possibilité d’avoir un Fonds de 175 000 dollars (108,3 millions FCfa) et un Fonds d’équipement pour le développement du football des jeunes et des femmes estimé à peu près à 150 000 dollars (92,8 millions FCfa). Ce Programme qui fera l’objet d’un contrat d’ici le 1er juin 2017, devra définir les priorités du développement du football. C’est uniquement les priorités qui y seront établies et la convention signée avec les Fédérations et la FIFA qui seront financées. »
« Nous voulons une gestion rationnelle des ressources »
« Nous voulons une meilleure gestion. Mieux, une gestion plus rationnelle des ressources. Avant, on ne savait pas sous quel critère était attribué les financements du Programme Goal. Avec Forward, ça se fera sous l’objet d’un contrat et des priorités qui ne seront pas définies par la FIFA, mais la Fédération elle-même. Nous comp- tons donc sur la Fédération pour qu’une bonne partie de ce financement soit alloué au football féminin. Depuis mon arrivée à la FIFA, le foot féminin est reconnu comme une partie intégrante de la discipline et non le parent pauvre. »
« Au moins 8 pays africains au Mondial 2026 »
« La décision d’étendre le nombre d’équipes au Mondial a été éclaire. D’habitude, ce genre de révolution a lieu tous les 30 ans. Ça s’est passé cette fois-ci sur deux Conseils. En octobre (2016), les membres ont demandé à la FIFA de donner un peu plus d’éléments qui ont poussé à militer
pour une Coupe du monde à 48 équipes. La décision a été prise à l’unanimité lorsque l’administration de la FIFA a délivré son document au mois de janvier. Cette formule qui débutera en 2026 permettra à l’Afrique d’avoir au moins 8 équipes. C’est plus de chances et peut-être que le trophée pourra être soulevé par une équipe africaine. Il n’y aura pas de changement sur le déroulement et le nombre de matchs pour une équipe – pas plus de sept. Il n’y aura donc pas d’impact sur les joueurs, c’est que ce que craignait les grands clubs. Comme dans la formule en cours, ce Mondial se jouera dans 12 stades et on aura un bonus de 640 millions de dollars (396,1 milliards FCfa) qui ne va rester dans les coffres de la FIFA. »
« La co-organisation pour abriter le prochain Mondial en Afrique »
« En Afrique – vous le savez mieux que moi – à part un ou deux Etats, beaucoup ne peuvent satisfaire les exigences de la FIFA. Avec les réformes, on autorise les Confédérations qui ont la chance de l’abriter une co-organisation. L’exemple de la Corée et du Japon en 2002 peut être renforcé en Afrique. C’est une période test pour notre continent, à nous de mettre aux normes nos infra- structures afin de pouvoir organiser un Mondial. Car cette compétition est le top par rapport aux autres. On ne peut pas se permettre d’avoir des infrastructures qui ne permettent pas de générer cinq milliards de dollars tous les quatre ans. C’est ce qui permet de financer tous nos programmes non sans organiser toutes les autres compétitions parallèles. »
La mise en place de la vidéo
« Pour ce qui est la vidéo, comme pour toute nouvelle technologie, il y a eu quand même une période de flottement. Mais cela permet de changer la configuration de match. Et cette vidéo qu’on a expérimentée pour la première fois au Japon pour une compétition internationale, on espère que les tests qui sont en train d’être conduits en Europe, pourront permettre de ne pas impacter négativement le déroulement du match. C’est une révolution car j’ai eu à suivre les tests au niveau de la FIFA, quelque chose qui permet aux gens de savoir ce qui a été commis. Si une faute risque de changer toute la compétition, pourquoi ne pas recourir à la vidéo. Même si cette technologie ne va pas remplacer les arbitres. »
« Une décision ferme sera prise pour le Beach soccer »
« La FIFA n’a pas encore pris une décision ferme sur deux compétitions : les Coupes de monde de Beach Soccer et de Futsal. Nous l’organisons à travers une société espagnole. Mais nous finançons autour de trois à quatre millions de dollars par compétition. Les réflexions sont lancées au niveau de toutes les Confédérations à travers les Sommets exécutifs qui sont lancés à Paris (France) depuis le mois d’octobre. Une décision ferme sera prise lors du prochain Congrès. Maintenant, il faut savoir que c’est la Coupe du monde sénior homme qui finance toutes les autres compétitions. »
« Mettre en branle le foot féminin »
« Mes attentes, c’est aussi mettre en branle ce football féminin qui est aujourd’hui le parent pauvre du football mondial et faire en sorte que les femmes puissent également jouer et faire une carrière. Ce qui n’est pas le cas. Vous avez entendu, après la Coupe du monde de 2015, les joueuses comme Aby Wemba se plaindre du fait que les femmes ne recevaient pas le même traitement. Je dirais que le football masculin nous apprend beaucoup de leçons. Et j’espère seulement que les erreurs qui ont été commises pour le football masculin autour des questions de stars et d’argent, ne vont pas impacter sur le football féminin. Que ça soit quelque chose de professionnel, de propre, quelque chose aussi qui pourrait permettre aux femmes de s’épanouir et également de briser ce plafond de verre qui consiste à les reléguer au second rang. »
« Le milieu du foot ne m’est pas étranger »
« Je ne faisais pas partie du monde du football. J’ai passé la majeure partie de ma carrière dans le secteur privé et aux Nations-Unies (ONU). Mais le mi- lieu ne m’est pas étranger. Je suis mariée à un ancien joueur du Dial Diop depuis plus de 28 ans. Mes frères ont fait les beaux joueurs de l’Entente Centenaire Gibraltar. Je suis née dans une famille de sportifs et j’ai participé à de nombreux tournois surtout quand j’étais étudiante à Lyon (France). J’ai eu à collaborer également avec des joueurs comme Roger Milla, Rigobert Song etc. »