Face à un adversaire plutôt joueur, les Bleus relèvent un triple défi : finir premiers, marquer avant les dernières secondes et y ajouter la manière.
Il paraît que certains étendent le linge ou vont au cinéma et ne reviennent que lors des cinq dernières minutes pour regarder la France jouer dans cet Euro. Cette fois-ci et contrairement à sa réputation, la Suisse n’a rien d’un coffre-fort décidé à garder les lingots à onze derrière le ballon. « C’est une équipe joueuse avec des individualités à chaque ligne », sourit Hugo Lloris, en s’en frottant les mains. En rencontrant la 9e sélection européenne au classement mondial — les Bleus sont 10e —, le capitaine s’attend enfin à jouer au foot.
Au terme d’une semaine où les hommes de Deschamps ont surclassé les Albanais uniquement dans le temps additionnel et où Pogba et sa sarabande de jeunes ont évité de justesse la polémique nationale, on ne serait pas contre la conclure par du jeu et de l’enthousiasme digne du Suisse – France du Mondial 2014 (2-5). « On essaiera d’apporter la manière cette fois-ci », souffle Lloris, qui la promet à chaque match. Si on écoute encore, c’est que l’on a envie d’y croire. Déjà qualifiés pour les 8es, les Bleus s’éviteront en glanant les trois points (ou le nul) les problèmes d’un 2e de groupe avec des adversaires plus costauds dès le tour suivant. La victoire du soir (ou le nul) construit peut-être les succès de demain et permet deux prochaines étapes plus abordables. Il n’y a pas à réfléchir et les Bleus savent où trouver le confort. S’ils n’ont pas toujours la maîtrise du match, c’est un euphémisme, leur gestion des attentes et des points demeure excellente jusqu’à maintenant.
Un « privilège » pour les remplaçants
Malgré onze jours entre l’Albanie et le 8e dans le meilleur des cas, Didier Deschamps va s’abandonner à la logique du 3e match de poule, celui que les remplaçants cochent pendant la préparation. Il permet historiquement de laisser le groupe en vie, concerné, même si la concurrence est figée et le onze de départ du sélectionneur connu jusqu’à la finale si jamais il y parvient. Il donne aussi de la compétition à des joueurs qui n’ont plus le rythme depuis plusieurs semaines. C’est un piège (il faut être bon tout de suite) mais c’est une chance de se sentir enfin impliqué. Deschamps parle même de « privilège ». Pour eux, l’aventure commence, après les autres, mais commence quand même. De toute façon, ils l’ont compris : avec les Bleus, il faut savoir attendre manifestement.
Source:leparisien.fr