Le Parlement éthiopien a prolongé l’état d’urgence de quatre mois, ce jeudi 30 mars. Il avait été instauré pour six mois en octobre, après un an de violentes manifestations en pays oromo et amharas, où la population protestait contre leur marginalisation dans la société éthiopienne. Les dispositions les plus strictes ont été levées, mais le contrôle exercé par le gouvernement reste quand même très étroit.
Au début de la semaine, la commission d’enquête chargée d’évaluer la mise en oeuvre de l’état d’urgence a comparu devant les députés éthiopiens.
Ses chiffres ont donné un contour concret à la situation : 26 000 personnes ont été arrêtées, près de 5 000 ont été envoyées devant un tribunal avec des chefs d’accusation graves, 475 ont été libérées après avoir été « conseillés », plus de 20 000 ont été libérés après une période de détention dans un camp militaire, où ils sont passés par un processus de « réhabilitation ».
L’autre effet de l’état d’urgence est d’avoir éteint les manifestations . Mais la pression internationale et la mobilisation de la maigre opposition a contraint le gouvernement à lâcher du lest. Le ministre de la Défense Siraj Fegessa a ainsi annoncé la levée des arrestations sans mandat, de la détention indéfinie à l’isolement et de la surveillance des médias, mais aussi de certains aspects du couvre-feu.
En revanche, pour motiver l’extension de l’état d’urgence, il a cité les agissements continus de « fauteurs de guerre » actifs aux frontières. Il faisait allusion aux groupes rebelles basés à l’étranger et qui continuent de mener des opérations à l’intérieur de l’Ethiopie.
RFI