Un an après la proclamation d’indépendance symbolique par les séparatistes des régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest, la tension sécuritaire y est extrême. Le tout à une semaine de l’élection présidentielle.
Beaucoup de tension dans les régions, ce lundi, à la mi-journée. Il y a un an, lors de la proclamation symbolique de cette République, il y avait eu « des dizaines de milliers de manifestants » dans les régions anglophones, selon le centre d’analyse International Crisis Group (ICG). Et au moins 40 manifestants avaient trouvé la mort dans des violences policières. Les capitales régionales, Buea au Sud-Ouest et Bamenda au Nord-Ouest, avaient été quadrillées par les forces de sécurité qui avaient arrêté des dizaines de personnes dans les violences qui ont suivi cette proclamation symbolique.
Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sous black-out total. Ainsi peut-on résumer les « mesures spéciales » prises en vue de contenir les manifestations ou les actes de violence qui pourraient y survenir ce 1er octobre. Pendant 48h, les principales villes de ces deux régions anglophones vont vivre sous un couvre-feu particulièrement rude, étendu aussi bien en journée que pendant la nuit.
À Buea, dans le sud-ouest, les autorités administratives ont ainsi interdit toute activité de transport, aussi bien « publiques que privées ». Ils ont aussi décidé de la « fermeture des entreprises et débits de boisson ». Même les activités de loisirs sont suspendues, « qu’elles soient culturelles, sociales ou sportives ». Des mesures étendues à la ville de Tiko et à la cité balnéaire de Limbe, qui a été jusqu’ici relativement épargnée par les exactions des combattants indépendantistes.
À Bamenda, dans le nord-ouest, le gouverneur a décrété des mesures quasiment identiques, les amplifiant par « l’interdiction des rassemblements et les réunions de plus de quatre personnes ». La circulation des motos taxis « est complètement suspendue ». Les bars et autres lieux de commerce devront rester fermés.
Des militaires sur la zone
Les rares personnes encore présentes sur place sont cloitrées chez elles. Des sources évoquent également des coups de feu dans certains quartiers de la ville de Buea. Idem à Bamenda, dan où des affrontements opposent entre forces de l’ordre et séparatistes. La ville est déserte depuis dimanche midi. Le déploiement militaire y est massif. Un sénateur, qui a tenu à garder l’anonymat, évoque « une arrivée de soldats digne d’une opération de grande guerre ».
Ainsi, dans ces régions anglophones, le tour de vis sécuritaire a été porté à un niveau jamais égalé. Et ce pendant que diverses sources annoncent l’arrivée en semaine du président Paul Biya à Buea, dans le cadre de la campagne électorale. Ce qui n’a pas empêché, des sécessionnistes de hisser le drapeau ambazoniens dans certaines localités en lieu et place du drapeau camerounais.
Depuis plusieurs semaines déjà, les deux régions anglophones enregistrent des départs massifs d’habitants. Ceux-ci redoutent une intensification des combats, déjà devenus quasi quotidiens. En tout, selon l’ONU, on compte 200 000 déplacés, dont peut être 40 000 à Douala. La plupart sont hebergés chez des proches. Ceux qui sont restés décrivent des localités désertes. « Je n’ai plus un seul paroissien », regrette un religieux du diocèse de Manfé à l’Ouest. « lls ont tous pris la route pour Douala, Yaoundé ».
RFI