Son travail de photographe urbain l’a rendu célèbre mais l’agitation de la ville ne fut pas le seul terrain de jeu de Robert Doisneau: après les Alpes, 80 clichés de l’artiste sur la thématique de la mer sont exposés à partir de mercredi à Grenoble.
Intitulée « Allons voir la mer avec Doisneau », l’exposition met en lumière jusqu’au 19 janvier, dans la chapelle et les cloîtres du Couvent Sainte-Cécile, le travail de commande en noir et blanc réalisé par le photographe – décédé en 1994 – pour la publicité, l’édition ou la presse entre 1930 et 1960.
De la Bretagne à la Côte d’Azur, de la Vendée au Pays Basque, de Boulogne à Marseille, Doisneau promène son regard « bienveillant » le long du littoral français et capture parfois avec humour des instants de vie – marins, pêcheurs ou baigneurs, sur ou sous l’eau – rappelant qu’il fut d’abord le plus « humaniste » des photographes français.
Articulée en trois temps, l’exposition permet également de découvrir nombre de clichés personnels de l’artiste, certains inédits jusqu’alors car pris lors de vacances en famille par ce « pêcheur d’images », comme il se définissait lui-même.
« Robert Doisneau n’était pourtant pas un grand passionné de la mer », souligne Angelina Meslem, la commissaire de l’événement. Préférant capter ce qui l’inspirait plutôt que de s’adonner à la baignade, Doisneau – qui travaillait pour l’agence Rapho – s’amusait à faire poser ses proches sur la plage, en particulier ses filles Annette et Francine, pour accumuler les clichés qui serviraient ensuite à la presse.
– Ses proches pour modèles –
Sur une photographie très graphique, exposée comme une poignées d’autres à plat sur un mobilier en carton – ainsi que le propose en partie la scénographie très colorée et originale de l’artiste Bernard Josten -, le visiteur peut aussi voir apparaître la silhouette, toute en contrastes, de sa femme Pierrette, entre deux imposantes roches dressées sur la plage.
« Il n’hésitait pas à leur demander de rejouer une scène parce qu’il sentait qu’il y avait quelque chose à capter. Il enrichissait en permanence ses prises de vue », souligne Angelina Meslem, rappelant que le photographe développait lui-même ses clichés.
Cette exposition est la déclinaison d’un livre imaginé par l’Atelier Doisneau – situé à Montrouge, près de Paris – et les éditions Glénat autour de ce travail « essentiellement méconnu », précise Angelina Meslem. Il paraîtra mercredi pour le coup d’envoi de l’exposition.
Les tirages ont été réalisés sur papier baryté par Hervé Hudry à partir des négatifs originaux de l’artiste.
« Des images de Doisneau prises au bord de la mer, on en connaissait quelques-unes mais ce que l’on imaginait pas, c’est combien ses reportages et ses publicités sur cette thématique étaient nombreux et variés. Il était capable, de par sa formation, de tout photographier, et ce pour n’importe quel support, de +Regard+, un hebdomadaire communiste, à +Vogue+ », fait remarquer Angelina Meslem.
En novembre 2012, 120 prises de vue dans les Alpes du photographe né en 1912 à Gentilly (Val-de-Marne) avaient déjà fait l’objet d’un livre et d’une exposition, dans un autre lieu de Grenoble, pour marquer le centenaire.
France 24