PARIS (AFP) –
Transformée en un grand tapis de sport, sur 1.200 m2, l’exposition invite les visiteurs à se filmer en tentant des pirouettes comme les gymnastes, à réaliser une traversée horizontale en escalade, ou encore à tester leur maîtrise du ballon rond sur un parcours clignotant…
Pour ensuite expliquer « ce qui se passe dans le corps au point de vue physiologique, musculaire, cardiaque, respiratoire… et aussi dans la tête, au niveau de la concentration, de la mémoire », explique à l’AFP Françoise Vallas, la commissaire de l?exposition (jusqu’au 5 janvier 2020).
Le biathlon, par exemple, sollicite 90% des muscles du corps. Le foot demande de savoir évaluer rapidement une situation en constante évolution.
Grillages verts, marquages vifs au sol, grandes photos de sportifs sur fonds colorés, la scénographie est tonique.
« Ne prenez aucun risque », prévient une voie off, « trois, deux, un, Go ! »: tel Nadia Comaneci (ou pas), le visiteur se lance dans un pivot qu’une caméra enregistre.
« Ensuite, vous pouvez comparer votre mouvement avec celui de la gymnaste Astrid Rabette et obtenir des explications sur les muscles mis en jeu, les qualités requises, les capacités mentales et psychologiques nécessaires », note la commissaire.
Biathlon, tennis, escalade, foot, entraînement fonctionnel, sacs de frappe connectés: « Le corps du visiteur est sollicité pour qu’il ressente l’activité », explique-t-elle.
– dépassement de soi –
Les accroches visuelles, vidéos et photos de sportifs de haut niveau, très nombreuses, montrent des hommes, des femmes, des noirs, des blancs, des handicapés … une révolution après des siècles de représentation du corps sportif par celui d’un homme blanc.
Kathrine Switzer, première femme à courir officiellement un marathon, ne l’a fait qu’en 1967 et les organisateurs ont tenté de l’en empêcher, rappelle le film « A l’ombre du discobole », la fameuse statue grecque d’un lanceur de poids.
Petit à petit, la société accepte de regarder d’autres corps comme étant des possibilités de champions, témoigne Cyril Moré, ancien membre de l’équipe de France paralympique de ski et d’escrime.
Les différentes techniques d’étude du mouvement (le visiteur peut réaliser un découpage photo d’une de ses cabrioles), les outils scientifiques et technologiques comme aides à la performance, l’évolution des équipements (notamment des prothèses), les bénéfices et les risques du sport … nourrissent la seconde partie de l’exposition.
Depuis 2012, l’inactivité physique tue plus que la cigarette, rappelle un médecin.
Le thème du dépassement de soi, indissociable du sport, qu’il soit amateur ou professionnel, est « devenu un trait dominant de notre société », explique la philosophe Isabelle Queval dans une animation. Une valeur illustrée par un face à face avec Souleymane Cissokho. Le boxeur, transpirant et à bout de souffle, douleur perceptible dans le regard, ne lâche rien et surtout pas sa corde à sauter.
Les visiteurs apprendront également que le nombre de records sportifs enregistrés est lié à la situation géopolitique des pays. « Pendant la guerre froide, des années 1950 aux années 1980, le sport devient un enjeu important dans l’affrontement entre les blocs de l’Est et de l’Ouest, le nombre de records augmente énormément », explique Jean-François Toussain, médecin du sport et l’un des commissaires scientifiques de l’exposition. La technologie, la médecine, le dopage et les conditions climatiques jouent aussi…
« On constate maintenant que le nombre de records stagne, ce qui pourrait peut-être signifier qu’il existe une limite aux capacités physiologiques de l’homme », suggère Françoise Vallas.