Dans la foulée de plusieurs pays européens, la France et l’Espagne, pays parmi les plus meurtris par le nouveau coronavirus, présentent mardi leur plan de déconfinement progressif, sous la pression de populations souvent impatientes mais toujours à la merci d’une recrudescence de la pandémie.
La Chine, de son côté, a dénoncé les « mensonges éhontés » des Etats-Unis, au lendemain de nouvelles accusations du président américain Donald Trump contre Pékin, qui aurait mal géré la crise sanitaire mondiale débutée sur son territoire et pourrait donc avoir à s’acquitter de dédommagements « très élevés », selon le président-milliardaire.
Illustration du déconfinement qui vient, et auquel aspire une partie de la planète toujours cloitrée, les surfeurs australiens ont investi de nouveau la plage de Bondi, à Sydney. Ce célèbre « spot » de surf a été de nouveau autorisé mardi aux surfeurs, qui se sont rués dans les vagues dès le lever du jour. Elle reste néanmoins interdite aux promeneurs et amateurs de bronzage.
En Nouvelle-Zélande voisine, les habitants ont fêté l’assouplissement du confinement en se ruant sur les commerces de bouche pour assouvir leurs envies de frites, cafés, cookies ou autres petits plats. Après cinq semaines de privation, de longues files de voitures se sont formées devant les drive-in de fast-foods.
En Europe, les Français apprendront mardi par la voix du Premier ministre Edouard Philippe les conditions de leur déconfinement : port du masque, réouverture controversée des écoles, déplacements inter-régionaux… Les interrogations sont nombreuses, alors que la défiance monte contre l’éxécutif, 65% des Français jugeant qu’il n’est « pas à la hauteur », selon un dernier sondage.
Comme partout ailleurs, l’enjeu est vital : relance de l’économie et maîtrise de l’épidémie. Dans tous les cas, le retour à une vie normale est exclu le 11 mai, date annoncée pour la levée d’un confinement en vigueur depuis le 17 mars en France.
En Espagne, où le confinement a été prolongé jusqu’au 9 mai, le plan d’assouplissement est aussi attendu mardi. Depuis dimanche, dans ce pays où les habitants ont été cloîtrés chez eux pendant six semaines, les enfants peuvent enfin jouer dans la rue à condition de respecter un certain nombre de restrictions.
En Italie, pays européen qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie, les modalités du déconfinement prévu le 4 mai ont d’ores et déjà été précisées : les rassemblements resteront interdits, tout comme les déplacements entre les régions, le port du masque sera obligatoire dans les transports publics et les écoles demeureront fermées jusqu’en septembre. Les entreprises stratégiques ont été autorisées à rouvrir.
Le déconfinement suscite d’intenses et inattendus débats autour de l’autorisation de sortie accordée pour voir des « proches » : Qu’est-ce qu’un « proche » ou une « relation sentimentale stable »? « C’est une formule un peu large et générique (…) », a reconnu lundi soir le Premier ministre Giuseppe Conte, « cela ne signifie pas qu’on peut aller chez ses amis et faire la fête », et « ce n’est pas le moment d’abandonner », a-t-il mis en garde.
D’autres pays européens ont déjà entamé une progressive levée des restrictions, avec la réouverture de nombreux commerces, mais toujours de stricts mots d’ordre de « distanciation sociale » : Norvège, Danemark, Suisse, Autriche, Allemagne…
Dans ce dernier pays cependant, le taux d’infection, très surveillé par les autorités, a de nouveau atteint le seuil de 1,0 selon les autorités sanitaires, qui ont exhorté la population à rester prudente, en plein débat sur un déconfinement trop rapide qui inquiète fortement la chancelière Angela Merkel.
« Continuons à rester dans la mesure du possible à la maison, continuons à respecter les restrictions et à maintenir en moyenne une distance de 1,5 mètre entre nous », a plaidé le directeur de l’Institut Robert Koch, chargé de surveiller la pandémie en Allemagne, Lothar Wieler. « Nous ne voulons pas que le nombre de cas progresse à nouveau ».
Le bilan humain reste très lourd sur le Vieux continent, avec 126.793 morts : 26.977 décès en Italie, 23.822 en Espagne, 23.293 en France, 21.092 au Royaume-Uni. Avec près d’un tiers des cas et plus de 56.000 des 210.000 victimes mondiales, les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché.
Désireux de faire oublier des propos malheureux sur des injections de « désinfectant », le président américain s’est fait discret ce week-end, mais a renoué lundi avec son point de presse quasi quotidien à la Maison Blanche, et par la même occasion avec des attaques virulentes contre la Chine, où est apparu le virus fin 2019.
La maladie « aurait pu être arrêtée à la source », a-t-il assuré, en évoquant une possible demande de réparation de plusieurs milliards de dollars. « Nous n’avons pas encore déterminé le montant final », a-t-il ajouté sans autres précisions.
« Des responsables politiques américains ont à plusieurs reprises ignoré la vérité et ont proféré des mensonges éhontés », a réagi mardi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Ils n’ont qu’un objectif : s’exonérer de toute responsabilité pour leur propre gestion de l’épidémie et détourner l’attention ».
L’épidémie en Chine, à présent jugulée, y a contaminé près de 83.000 personnes et fait officiellement 4.633 morts, un bilan mis en doute par les Etats-Unis
Toujours outre-Atlantique, une dizaine d’Etats ont amorcé une sortie prudente du confinement et un redémarrage de l’économie, encouragés par un ralentissement des contaminations et du nombre de décès.
Les restaurants ont rouvert lundi en Géorgie (sud-est). Au Texas, restaurants, musées, cinémas et théâtres pourront rouvrir vendredi, à 25% de leur capacité.
Dans l’Etat de New York, à l’inverse, le confinement restera en vigueur au moins jusqu’au 15 mai, une décision approuvée à une majorité écrasante de la population locale (87%). Ensuite, « il faudra être malin », a prévenu le gouverneur démocrate Andrew Cuomo.
Le Washington Post a publié une critique féroce de la gestion de la crise par le président Trump, en citant des membres de son administration, de son manque d’écoute en janvier et février face à des briefings qui lui peignaient un tableau catastrophiste de la pandémie à venir.
Au Royaume-Uni, où le Premier ministre britannique Boris Johnson, guéri du virus et de retour aux affaires, a appelé ses concitoyens à la patience, les Britanniques observeront une minute de silence mardi en fin de matinée, en hommage à la centaine de soignants du service public (NHS) et travailleurs sociaux morts en combattant la maladie.
Déjà reportés à 2021, les Jeux olympiques initialement prévus cet été au Japon seront purement et simplement « annulés » si la pandémie n’est pas maitrisée d’ici un an, a prévenu le patron du comité d’organisation Yoshiro Mori.