La Bolivie n’a pas d’accès à la mer, et ce, depuis une invasion du Chili et une guerre perdue par les Boliviens, en 1883 : 400 kilomètres de côtes sont ainsi devenues chiliennes. Récupérer un accès maritime est l’une des batailles du président Evo Morales et il a amené le litige qui l’oppose à son voisin jusqu’à la Cour internationale de justice (CIJ) qui rendra son jugement ce lundi 1er octobre.
De notre correspondante à La Paz,
Ce lundi 1er octobre, les yeux des Boliviens sont tournés vers La Haye. Après cinq ans de procédure, la Cour va trancher et les juges diront si « Le Chili doit négocier de bonne foi un accès souverain à la mer pour la Bolivie ». Les Boliviens sont donc dans l’attente. A aucun moment, le tribunal des Nations unies ne pourra forcer le Chili à concéder des côtes à son voisin bolivien, mais il pourra lui ordonner cependant de s’asseoir à la table des négociations. En effet les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis 1978 et la question maritime est au cœur de la discorde. Selon Evo Morales, le fait de n’avoir pas accès à la mer est un frein à la croissance du pays, à ses échanges commerciaux et à son ouverture au monde.
Une démarche stratégique pour Evo Morales
Beaucoup voient dans la demande maritime un objectif stratégique pour le président bolivien : récupérer un peu de popularité, et pouvoir ainsi se faire réélire l’an prochain, lui qui brigue un quatrième mandat alors qu’en principe la Constitution l’interdit. Mais le chef de l’Etat s’en est défendu la semaine dernière à l’Assemblée générale des Nations Unies, il a affirmé vouloir seulement résoudre un conflit territorial centenaire. Pourtant tout porte à croire que le président est en pleine opération séduction, avec une gigantesque campagne de communication « Mer pour la Bolivie » dans tous les médias, avec également, en mars dernier, le fameux déroulé de drapeau de la demande maritime de plus de 200km, et dernièrement il a réuni les anciens présidents – qui ne sont pas de son bord politique – pour se préparer au verdict de La Haye. Une décision favorable lui permettrait en effet de remonter sa cote auprès des Boliviens.
Le Chili refuse de négocier
Du côté du Chili, le traité international signé en 1904 aurait tout réglé, il n’y aurait plus matière à discuter, la Bolivie a perdu 400 km de côtes, mais bénéficie de facilités douanières dans les ports perdus. Les autorités chiliennes l’ont exprimé à plusieurs occasions, ils ne cèderont pas un seul centimètre carré de leur territoire. Roberto Ampuero, le ministre des Affaires étrangères l’a dit clairement «on ne touche pas au territoire chilien».