Après avoir été annulée en 2015, la foire Also Known As Africa (AKAA) ouvre ses portes sur la création du continent en plein cœur de Paris.
Comment ne pas s’en souvenir ? Il y a un an, une série d’attentats terroristes plongeaient la France dans un état de stupeur et, pour un temps, Paris n’était plus une fête. Bientôt, la vie reprendrait son cours et les verres scintilleraient de nouveau sur les terrasses, mais pour l’heure l’ambiance était au recueillement, sous l’œil des forces de sécurité. Dans ces conditions, Victoria Mann ne pouvait maintenir sa foire d’art contemporain africain AKAA (Also Known As Africa), programmée au Carreau du Temple, non loin de la Place de la République. Partie fut donc remise, à quelques semaines du vernissage, la mort dans l’âme.
Paris n’oublie pas, mais Paris ne se laisse pas abattre. Déterminée, Victoria Mann a relancé la machine, effectué quelques petites modifications dans son équipe, et passé l’année 2016 à observer et à se faire connaître sur les événements artistiques africains et européens, comme la Biennale de Dakar (Sénégal), les Rencontres d’Arles (France) ou la foire « aînée » 1 : 54 à Londres (Royaume-Uni). Le résultat, c’est… la première édition d’AKAA au carreau du Temple, du 11 au 13 novembre 2016, qui coïncide avec la 20ème édition de Paris Photo, au Grand Palais.
Panorama éclectique de la création africaine
La France n’ayant pour l’instant pas de grand événement africain consacré à l’art contemporain – même si l’Institut français parraine et finance depuis des années les rencontres de Bamako (Mali) consacrées à la photographie africaine – il faut se réjouir qu’une foire vienne prendre ses quartiers dans la capitale, et ce dans un aussi bel endroit que le Carreau du Temple.
Sélectionnées par les galeristes Dominique Fiat et Elisabeth Lalouschek (October Gallery), le commissaire d’exposition Simon Njami et le directeur du LagosPhoto Festival Azu Nwagbogu, une trentaine de galeries proposent dans un cadre feutré et convivial une panorama éclectique de la création africaine. Nettement dominée par la figuration, la sélection d’artistes fait fi des frontières – toujours bien réelles – qui séparent le continent le long de lignes de fractures linguistiques (Afrique anglophone, Afrique francophone…) ou culturelles (Afrique du Nord, Afrique subsaharienne). Comme les techniques, les points de vue sont riches de leur diversité. Le public, comme les collectionneurs, y chercheront leur bonheur – ou simplement une émotion, une découverte, un savoir.
Dépasser l’aspect commercial
Parmi les pièces maîtresses, des photographies du Ghanéen James Barnor (Galerie Clémentine de la Ferronière), des images du marocain Hassan Hajjaj (L’Atelier 21), une sculpture en acier de la Kényane Naomi Wanjiku Gakunga (October Gallery)… Une méprise tout de même, avec la présence incongrue dans une foire d’art contemporain africain d’images misérabilistes et datées du reporter de guerre Gilles Caron (1939-1970), présentées par la School Galerie Paris / Olivier Castaing.
Quoiqu’il en soit, et comme sa consœur 1 : 54 de Londres, AKAA cherche à dépasser son aspect commercial en apportant un supplément de sens avec « Les Rencontres », pilotées par la jeune directrice artistique Salimata Diop. Performances, spectacles, discussions sont au menu avec des artistes comme l’Algérien Rachid Koraïchi, le photographe Sud-Africain Pieter Hugo ou le plasticien camerounais Barthélémy Toguo.
Clou de ces rencontres, une intervention du fort rare El Anatsui, lauréat du Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre en 2015 (samedi 12 novembre, à 17 heures). Le dimanche 13 novembre ne marquera pas la fin d’AKAA, puisqu’il s’agira dès le lendemain, pour toute l’équipe, de commencer à préparer son édition 2017.
Source:jeuneafrique