La troisième économie d’Amérique latine n’en finit pas de plonger dans la crise. Crise monétaire, crise de l’emploi, crise sociale : les Argentins sont à bout et les syndicats appellent à une journée de mobilisation ce mardi pour protester contre la politique économique du gouv
Le peso argentin vaut aujourd’hui la moitié de ce qu’il valait au début de l’année. Quant à l’inflation, elle dépassera les 30% d’ici la fin décembre. En clair : les poches des Argentins se vident pendant que les prix augmentent, le tout à très grande vitesse.
Selon les chiffres officiels, 33% des Argentins sont aujourd’hui considérés comme « pauvres ». La classe moyenne n’est pas épargnée : gel des pensions, gel des salaires, hausse vertigineuse des tarifs des services publics. La consommation est en chute libre, les commerces et les entreprises ferment en nombre.
Pour faire face à cette situation, qui rappelle aux Argentins le traumatisme de la crise de 2001, le président Mauricio Macri a annoncé au début du mois un plan d’austérité d’une extrême violence : 13 ministères sur 23 ont été supprimés, dont ceux de la Santé et du Travail, et les taxes sur les exportations ont été augmentées. Taxes qui concernent les exportations agricoles, l’énergie et les mines.
L’objectif est à la fois de remplir les caisses de l’Etat et de satisfaire aux injonctions du FMI. Le Fonds monétaire international qui accorde des prêts d’urgence en échange de réformes structurelles, notamment sur la réduction du déficit budgétaire.
En prélude à la grève, qui devrait être très suivie, des manifestations ont eu lieu ce lundi à Buenos Aires.
Dans une ambiance de kermesse, avec asado, le traditionnel barbecue argentin, à chaque coin de rue, des milliers de personnes ont manifesté à Buenos Aires à la veille de la grève générale. Pour appuyer le mot d’ordre lancé par la CGT mais marquer le coup face à des syndicats jugés trop timorés.
« Aujourd’hui nous marchons contre la politique économique mise en place par Macri de la main du FMI et qui affame les travailleurs, témoigne Lidia, fonctionnaire et membre d’une organisation péroniste. Nous demandons un changement complet de politique économique. Ce modèle ne bénéficie que les riches. »
Jeune réceptionniste, María n’est ni militante ni syndiquée. Mais elle fera grève : « Je dois économiser sur l’alimentation ou sur des dépenses de base, y compris de santé. On en arrive à une situation limite pour des travailleurs comme moi, de classe moyenne basse. »
Employé administratif, Pablo ira travailler, tout en soutenant les revendications salariales de la CGT. « Depuis le début de l’année, l’inflation a été très supérieure aux prévisions et mon salaire, qui se réévalue en début d’année, n’a donc pas suivi. Je vois que mon pouvoir d’achat a beaucoup baissé. »
La grève est un avertissement pour le gouvernement. Mais il n’y aura pas de remise en cause du plan d’ajustement. Ce mardi, le président Mauricio Macri, actuellement aux États-Unis pour l’Assemblée générale de l’ONU, annoncera un nouvel accord avec le FMI.
Source: Rfi