La coalition de centre droit, nationaliste mais non indépendantiste, s’est imposée lors des élections organisées au Québec. François Legault, le nouveau Premier ministre, entend réduire la taille de l’État et l’immigration.
C’en est fini du gouvernement libéral au Québec. Pour la première fois dans l’histoire de la province canadienne, les électeurs ont porté au pouvoir, lundi 1er octobre, la Coalition Avenir Québec (CAQ), un parti nationaliste non indépendantiste qui souhaite réduire la taille de l’État et l’immigration.
« Aujourd’hui on a marqué l’histoire, aujourd’hui il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisés pendant 50 ans », soit la question de l’appartenance ou non du Québec au Canada, a lancé, triomphal, François Legault, Premier ministre désigné de la province, lors d’un discours à Québec.
Cet homme d’affaires multimillionnaire a promis « un esprit de rassemblement, pour gouverner pour tous les Québécois », et a dit vouloir « travailler pour un Québec fort au sein du Canada ».
La CAQ, formation créée en 2011 par François Legault, disposera de la majorité absolue à l’Assemblée nationale québécoise, avec 74 députés sur 125, selon des résultats préliminaires. Dans le précédent Parlement, dissous fin août, elle ne comptait que 21 sièges.
Entre prospérité économique et quasi-plein emploi, la campagne électorale a moins passionné que d’habitude les 8,4 millions d’habitants de la Belle Province. La participation a été d’environ 67 %, contre 71 % en 2014 et 74 % en 2012.
Pour la première fois en plus de 30 ans, la question de l’indépendance du Canada ne constituait pas un enjeu. Les partis favorables au fédéralisme canadien ont totalisé plus de 63 % des suffrages.
Fermeté sur l’immigration
Le prochain Premier ministre du Québec, François Legault, est un ancien ministre indépendantiste qui assure désormais ne plus vouloir se séparer d’Ottawa. Multimillionnaire, comptable de formation, il a fait fortune après avoir créé en 1986 la compagnie aérienne Air Transat.
La CAQ, qu’il a cofondée, promettait aux Québécois le « changement », la fermeté sur l’immigration, dont il veut réduire les seuils pour mieux intégrer les nouveaux arrivants, et une meilleure gestion des finances publiques. François Legault avait annoncé en campagne électorale vouloir, dès 2019, réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants admis au Québec chaque année.
La Chambre de commerce de Montréal, la métropole du Québec qui concentre la moitié de la population et la majorité des immigrés, l’a exhorté lundi soir à « tenir compte de la nécessité d’élargir le bassin de main-d’œuvre qualifiée », alors que 100 000 emplois ne sont pas pourvus dans la province francophone, faute de candidats adéquats.
La victoire de la CAQ constitue un nouveau coup dur pour les Libéraux, la famille politique du Premier ministre fédéral, Justin Trudeau. En juin, ils avaient perdu l’Ontario, province la plus riche et la plus peuplée, au profit d’une autre formation conservatrice.
Le Canada organise des élections législatives dans un an, et le scrutin s’annonce incertain pour Justin Trudeau, dans un contexte de montée du nationalisme.
France 24