Affaire Bankia: l’Espagne se prépare à un procès emblématique de la crise

Un procès marathon s’ouvre ce lundi 26 novembre en Espagne. Il s’agit de l’une des affaires emblématiques de la crise économique en espagnol qui débutait il y a cinq ans, celle de l’entrée en Bourse de Bankia en 2011. De lourds soupçons de fraudes pèsent en effet sur cette opération. Un procès  qui s’annonce hors norme.

Ce procès s’annonce notamment hors norme par sa durée. Il durera sept mois minimum jusqu’à fin juin. Sur le banc des accusés 35 personnes et sociétés, parmi elles, des personnalités du monde économique notamment Rodrigo Rato, ancien dirigeant du FMI, ancien ministre de l’Economie et surtout en l’occurrence qui dirigeait Bankia au moment de la débâcle.

C’est lui qui le 20 juillet 2011, sonne une cloche dorée et trinque au champagne pour marquer le début de la cotation en bourse de la banque. Des airs de fêtes qui masquent des difficultés déjà présentes. Une vaste campagne publicitaire et les bénéfices annoncés par l’établissement attirent plus de 300 000 petits actionnaires. Des actionnaires qui ont souscrit des paquets d’action pour un montant minimum de 1 000 euros.

Une perte de trois milliards d’euros

S’en suit une année calamiteuse avec l’effondrement de la valeur des actions et dès 2012, Bankia reconnaît avoir subi une perte frôlant les trois milliards d’euros, l’année de son introduction. D’où les poursuites engagées pour falsification de bilan comptable et escroquerie.

Et il n’y a pas que les investisseurs qui ont dû mettre la main à la poche dans cette affaire. Pour sauver la banque de la faillite, l’Etat est obligé de la nationaliser en injectant plus de 22 milliards d’euros. Dans la foulée, Madrid a dû demander un plan d’aide européen. L’Etat qui doit en principe reprivatiser la banque a reconnu qu’il ne pourrait pas récupérer la majorité des aides versées.

Quant aux actionnaires, Bankia souligne avoir restitué en 2016 près de deux milliards d’euros à plus de 220 000 petits actionnaires. Mais pour une association de client, partie civile au procès, cela ne règle pas « une fraude qui a touché la société dans son ensemble ». Le parquet a requis cinq ans de prison contre Rodrigo Rato et d’autres peines de prison contre trois ex-hauts dirigeants de la banque.

RFI

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