Donald Trump a salué mardi soir 28 février lors de sa première allocution face au Congrès l’émergence d’une « nouvelle fierté nationale » à travers les Etats-Unis, promettant plus de fermeté sur l’immigration, synonyme selon lui de sécurité et d’emploi.
Loin de la tonalité très sombre de son discours d’investiture, le 45e président des Etats-Unis a décliné sur un registre plus présidentiel qu’à l’habitude ses priorités pour donner corps à un engagement central : « Donner la priorité aux Américains ». « Un nouveau chapitre de la grandeur américaine débute », a-t-il affirmé dans l’hémicycle de la Chambre des représentants au Capitole, où siégeaient également sénateurs, ministres et juges de la Cour suprême. « Nous assistons au renouveau de l’esprit américain ».
Sur le fond, le président républicain a repris ses grands thèmes de campagne, promettant de ramener « des millions d’emplois », dénonçant des accords de libre-échange défavorables à l’Amérique, et faisant de la lutte contre la criminalité une priorité.
Rompant avec la tradition, les démocrates ont réservé un accueil glacial au président, la plupart restant assis dans leurs sièges, le visage fermé, les bras croisés. L’autre moitié des élus, les républicains, applaudissaient à tout rompre et multipliaient les ovations à la mention des grands projets de la présidence Trump : construction d’oléoducs, érection du mur à la frontière mexicaine, la lutte contre le « terrorisme islamique radical », ou tout simplement la mention du slogan de campagne, « rendre à l’Amérique sa grandeur ».
Nous allons prendre des mesures fortes pour protéger notre nation contre le terrorisme de l’islam radical…
Les élus démocrates ont doucement hué le mur mexicain, et ri ostensiblement lorsque Donald Trump s’est félicité d’avoir commencé à « assécher le marigot » de la capitale en luttant contre les conflits d’intérêts.
Réforme sur l’immigration ?
En signe de protestation silencieuse, une quarantaine d’élues démocrates étaient habillées de blanc, couleur symbolisant la défense des droits des femmes. Profitant de cette occasion solennelle de redonner une cohérence à son action après un premier mois chaotique au pouvoir, Donald Trump a longuement promis une extrême fermeté aux frontières, l’un de ses principaux thèmes de campagne. « En appliquant enfin nos lois sur l’immigration, nous augmenterons les salaires, aiderons les chômeurs, économiserons des milliards de dollars et renforcerons la sécurité de nos communautés », a-t-il lancé.
Sans aborder directement la question de la régularisation des sans-papiers, il a proposé d’abandonner le système actuel d’adopter à la place « un système basé sur le mérite ». La signature d’un nouveau décret sur l’immigration après l’échec du premier qui a été bloqué par la justice, pourrait d’ailleurs intervenir dès mercredi.
Réforme fiscale « historique »
Très attendu sur l’économie, Donald Trump, qui avait délaissé sa célèbre cravate rouge pour une à rayures, a promis devant les élus une réforme fiscale « historique » qui se traduira par une baisse « massive » des impôts pour la classe moyenne et permettrait aux entreprises de « concurrencer n’importe qui ».
« Nous devons faire redémarrer le moteur de l’économie américaine et faire en sorte qu’il soit plus facile pour nos entreprises de faire des affaires aux Etats-Unis et plus difficile pour elles de partir », a-t-il martelé.
Proposant un vaste plan d’investissements dans les infrastructures, il a déploré que son pays ait dépensé « des milliards et des milliards de dollars à l’étranger » alors que ses infrastructures sont dans un « état déplorable ».
« Les Etats-Unis ont dépensé près de 6 000 milliards de dollars au Moyen-Orient alors que chez nous, nos infrastructures s’écroulent. Avec ces 6 000 milliards de dollars, on aurait pu reconstruire deux fois notre pays. Voire même trois fois si nous avions eu des responsables capables de négocier. »
Dans ce discours servant aussi de prélude à la bataille pour le budget 2018 qui s’ouvre dans un Congrès contrôlé par ses alliés républicains, il leur a demandé de voter la hausse historique des dépenses militaires qu’il appelle de ses vœux (54 milliards de dollars, soit près de 10%).
Attachement à l’Otan
Sur les affaires étrangères qu’il abordées très brièvement, le nouveau locataire de la Maison Blanche a réaffirmé que son rôle n’était pas « de représenter le monde mais de représenter les Etats-Unis d’Amérique ».
Mais, après avoir défendu une spectaculaire hausse des crédits militaires, il a aussi mis en avant un ton plutôt conciliant. « Nous voulons l’harmonie et la stabilité, pas des guerres et des conflits », a-t-il martelé, réaffirmant en particulier son attachement à l’Otan.
« Le temps des combats futiles est derrière nous », a conclu le président républicain, dans une volonté de rassembler un pays profondément divisé. « Voilà notre vision, voilà notre mission, mais le seul moyen d’y arriver est d’être rassemblés », a ajouté le milliardaire républicain dont la cote de popularité est historiquement basse par rapport à ses prédécesseurs au début de leur mandat.
(avec AFP)