Le célèbre chirurgien congolais Denis Mukwege a appelé mardi à «un changement radical» en République démocratique du Congo le jour de la célébration de la prise de pouvoir par Laurent Désiré Kabila, le père de l’actuel chef de l’Etat Joseph Kabila, en référence aux massacres à répétition dans l’est du pays.
Denis Mukwege fustige les politiciens
Pour le chirurgien, il faut «un changement radical de l’actuel système» parce que «les crimes et barbaries qui sévissent dans l’est de la RDC depuis 20 ans renaissent avec une nouvelle intensité. Les populations ont le sentiment d’être «abandonnées et livrées à elle-mêmes», écrit le médecin dans un message transmis à l’AFP.
«Depuis octobre 2014, le bilan s’élève à plus de 600 morts ! Les images de ces atrocités de masse sont insupportables: des femmes enceintes éventrées, des bébés mutilés, des êtres humains ligotés et égorgés à l’arme blanche », poursuit le chirurgien, en espérant que les Congolais «se mobilisent pour parvenir au changement tant attendu».
Mi-mars, le dr Mukwege avait accusé les autorités de multiplier les manoeuvres en vue de retarder les élections au delà des délais prévus dans la Constitution.
Prix Sakharov des droits de l’Homme
La région de Beni au Nord-Kivu (est) jusqu’aux confins de l’Ituri voisine est confrontée à des massacres récurrents que les autorités et la mission de l’ONU en RDC attribuent aux rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF), présents depuis 1995 dans l’est du pays.
Le dr Mukwege, directeur de hôpital de Panzi, à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) a reçu en 2014 le Prix Sakharov des droits de l’Homme décerné par le Parlement européen pour son engagement en faveur des femmes violées. Dans cette institution qu’il a créée en 1999, le médecin aide à la reconstruction physique et psychologique des femmes victimes de viols accompagnés de violences sauvages, commis à grande échelle dans l’est de la RDC depuis une quinzaine d’années, pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), puis au cours des différents conflits armés qui se poursuivent dans la région.
Le pays traverse une crise politique depuis la reconduction au pouvoir du président Joseph Kabila à l’issue d’élections marquées par des fraudes massives en novembre 2011.
L’opposition accuse le chef de l’État, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat s’achève en décembre, de manoeuvrer pour contourner l’interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter.
Source:leparisien.fr