L’académie Goncourt a dévoilé ce mardi 6 septembre sa première sélection de 16 romans en lice pour le plus prestigieux prix littéraire du monde francophone. Parmi eux, trois écrivains d’origine africaine : Natacha Appanah, Gaël Faye et Leila Slimani.
Natacha Appanah, Tropique de la violence (Gallimard)
Journaliste et romancière mauricienne, Natacha Appanah publie là son sixième roman. Auréolée du Prix grand public du Salon du livre de Paris en 2005 pour La Noce d’Anna, ou encore du Prix du roman Fnac en 2007 pour Le dernier frère, ce nouveau livre en course pour le Prix Goncourt a trait cette fois-ci à la délinquance juvénile sur l’île de Mayotte, et dont elle a été le témoin pendant deux ans. « J’y ai vécu deux ans, de 2008 à 2010, et j’avais été frappée du nombre d’enfants dans la rue. Ce sont des enfants qui ont été laissés à Mayotte par leurs parents(..). Leurs parents sont des clandestins qui ont été renvoyés à la frontière », confie t-elle lors d’une interview à France info.
C’est son personnage Moïse, un jeune comorien, qui incarnera le destin des ces enfants livrés à eux-mêmes et qui basculent inexorablement dans la délinquance. À 15 ans, Moise se met à fréquenter un gang de jeunes violents, drogués et désœuvrés. Cette boucle de la violence s’illustrera également à travers les personnage de Olivier , un flic désabusé et d’un humanitaire, Olivier, volant désespérément au secours de cette jeunesse en déshérence.
Gaël Faye, Petit Pays (Grasset)
Artiste franco-rwandais, Gaël Faye a mis de côté le rap pour s’essayer à son premier roman. Un livre où il y met un peu de sa vie. Gabriel, garçon d’une dizaine d’années et narrateur du récit, et Gaël Faye, ont en effet quelques traits d’histoires en commun. Tous deux sont d’origine rwandaise, un pays qu’ils ont été contraints de fuir en raison de la guerre civile qui éclate en 1994. Si Gaël Faye a trouvé refuge en France, Gabriel, lui, choisira le Burundi, pays voisin du Rwanda, et qui a accueilli nombre d’immigrés Tutsi. Dans Petit Pays, l’auteur voulait ainsi jeter une lumière crue sur le parcours de ces enfants échappant aux affres de la guerre, et raconte l’horreur à laquelle ils doivent désormais se confronter.
Leïla Slimani, Chanson Douce (Gallimard)
Le livre est inspirée d’un fait divers qui s’est déroulée à New York en 2012. Un fait divers qui servira de fil conducteur à Leïla Slimani, écrivain et journaliste franco-marocaine, pour ainsi soulever, selon elle, les les maux dont souffrent notre époque. Morbide, l’histoire retrace le meurtre d’une nounou dominicaine, Louise, tuant de sang-froid les deux enfants d’un couple. À travers ce sordide fait divers, Leïla Slimani déploie sa conception de l’amour, de l’éducation, des rapports de domination et de l’argent. Autant de thématiques qui peuvent conduire au pire.
Les jurés du Goncourt se réuniront de nouveau les 4 et 27 octobre pour leur deuxième et troisième sélection.
Liste complète de la première sélection :
Nathacha Appanah, Tropique de la violence (Gallimard)
Metin Arditi, L’enfant qui mesurait le monde (Grasset)
Magyd Cherfi, Ma part de Gaulois (Actes Sud)
Catherine Cusset, L’autre qu’on adorait (Gallimard)
Jean-Baptiste Del Amo, Règne animal (Gallimard)
Jean-Paul Dubois, La succession (L’Olivier)
Gaël Faye, Petit pays (Grasset)
Frédéric Gros, Possédées (Albin Michel)
Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil)
Régis Jauffret, Cannibales (Seuil)
Luc Lang, Au commencement du septième jour (Stock)
Laurent Mauvignier, Continuer (Minuit)
Yasmina Reza, Babylone (Flammarion)
Leila Slimani, Chanson douce (Gallimard)
Romain Slocombe, L’affaire Léon Sadorski (Robert Laffont)
Karine Tuil, L’insouciance (Gallimard)
Source:jeuneafrique