L’Afrique du Sud présente dans sa délégation pour les Jeux paralympiques de Rio un jeune espoir de 14 ans. Amputé des deux jambes et courant sur des prothèses, Ntando Mahlangu fait inévitablement penser à Oscar Pistorius. Mais le nouveau « blade runner » sud-africain pourrait bientôt surpasser la star déchue.
Ntando Mahlangu est-il le prochain visage de l’Afrique du Sud triomphante ? Celui qui fera oublier le traumatisme de la chute d’Oscar Pistorius, emprisonné pour le meurtre de sa petite-amie ? Le jeune athlète paralympique s’en est en tout cas donné les moyens : à 14 ans, il est le plus jeune membre de la délégation sud-africaine aux Jeux paralympiques de Rio, qui s’ouvrent au Brésil le 7 septembre.
Le cadet, que la presse sud-africaine a déjà surnommé « le nouveau blade runner » espère même y décrocher l’or en athlétisme, sur un 200 mètres qu’il courra muni de deux prothèses créées pour l’occasion (la finale est prévue le 11 septembre). Un rêve loin d’être inaccessible puisqu’il est détenteur de la deuxième meilleure performance mondiale sur la distance, derrière le champion paralympique et du monde en titre, le Britannique Richard Whitehead.
L’amputation : « un nouveau départ »
À Londres, ce dernier avait triomphé chez lui, sans surprise. Mais, de ce sacre, Ntando Mahlangu n’en a pas de souvenirs. À l’époque, le paralympisme n’est pas au centre de sa vie. Atteint d’une hemimelia, maladie congénitale qui empêche le développement de la partie basse des membres inférieurs, le jeune garçon est alors cloué à son fauteuil roulant.
Mais Ntando Mahlangu rêve de marcher, et, plus hypothétiquement, de courir. Il rêve de football et de hockey. Et, alors que Richard Whitehead vit son rêve paralympique, se propulsant au sommet du paralympisme sur ses deux prothèses, le jeune garçon prend la décision qui va changer sa vie, malgré le scepticisme de ses parents : à dix ans, il choisit de se faire amputer des deux jambes, au niveau des genoux.
En 2012, lors des derniers Jeux, Ntando apprenait à marcher
« On m’a dit que, si on m’amputait les jambes, je pourrais avoir une prothèse et marcher. Donc j’ai dit « Pourquoi pas ? », a-t-il récemment confié à la presse sud-africaine. Pour ce piètre élève d’une école défavorisée de la province du Mpumalanga, à l’est de Pretoria et de Johannesbourg, il s’agissait alors de « se donner un nouveau départ ».
Déjà quadruple médaillé d’or
Débute alors une période d’apprentissage durant laquelle ses camarades de classe, habitués à son fauteuil mais pas à ses prothèses, lui infligent quelques moqueries. Mais Ntando Mahlangu n’en a cure. Muni de « lames » offertes par l’association « Jumping Kids », il fait ses premiers pas. « Trop excité », il vomit même lors de sa première utilisation.
Mais l’expérience est loin de le rebuter. Il s’entraîne à marcher puis à courir, et commence même à pratiquer le hockey, avant de changer d’établissement scolaire. Il intègre alors la Constantia Park Primary School, à Pretoria, et débute son entraînement avec Cathy Landsberg, deux à trois heures par jour, quatre fois par semaine. Tout en suivant un parcours scolaire qu’il ambitionne de prolonger jusqu’à un diplôme d’ingénieur.
Il s’entraîne deux à trois heures par jour, quatre fois par semaine
Son objectif : suivre l’exemple de son mentor, Arnu Fourie, amputé d’une jambe et champion paralympique en 2012 sur le relais 4 fois 100 mètres. Quadruple médaillé d’or aux championnats du monde moins de 23 ans en 2016, Ntando Mahlangu détient aujourd’hui le record du monde du 400 mètres dans sa catégorie (53 secondes 19 centièmes), ainsi que la deuxième meilleure performance mondiale sur 200 mètres (23 secondes, 97 centièmes).
Il veut être « Ntando la star »
Cette progression fulgurante a-t-elle de quoi effacer des tablettes Oscar Pistorius, l’ange déchu et ses huit médailles paralympiques (dont six d’or) ? Pistorius avait remporté l’or à Athènes, en 2004, alors qu’il avait 18 ans, dont seize passés sur des prothèses. La comparaison avec Ntando Mahlangu, qui est certes inévitable, vaut donc ce qu’elle vaut.
Avec ses « lames » ornées du drapeau sud-africain, du Chris rédempteur et des noms de ses proches, le jeune garçon du Mpumalanga, fan de la musique électronique de Black Coffee, n’en est qu’à ses débuts. Ses foulées lui offriront les podiums. Peut-être l’emmèneront-elles se mesurer aux côtés des athlètes valides. Mais une chose est sûre : de son propre aveu, il ne sera pas le « nouvel Oscar ». Il préfère être « Ntando, la star ».
Source:jeuneafrique