L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus riches en or du Continent. L’or remplit les caisses d’États comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger ou le Ghana. Il fait vivre des centaines de milliers de personnes qui pratiquent l’orpaillage, souvent clandestin. L’exploitation artisanale du métal jaune a cependant beaucoup d’inconvénients et la Cédéao souhaite mieux l’encadrer. Une réglementation communautaire sera proposée aux instances de la CEDEAO l’an prochain.
La moitié de l’or produit en Afrique de l’Ouest vient de l’orpaillage artisanal, et 10% de la population du Burkina, du Mali et du Niger vit de cette activité. Mais l’orpaillage, souvent clandestin, est source de problèmes, selon Sediko Douka, le commissaire de la CEDEAO en charge des Mines et de l’Énergie: « C’est un secteur qui a beaucoup de défis, comme les pertes de recettes [fiscales NDLR]. Sur le plan social, il y a l’aspect santé puisqu’ils travaillent en dehors des règles. Il y a des impacts sur l’environnement et la préservation des écosystèmes. Il y a l’aspect sécuritaire où, en plus de la violence et des conflits entre autochtones et population allogènes, si l’on prend la zone dite « des trois frontières », Burkina Faso, Mali, Niger, le terrorisme prend une partie des ressources de l’orpaillage clandestin pour ses financements».
Pourtant, l’orpaillage fait vivre des centaines de milliers de personnes et il n’est pas question de les priver de leur activité. Mais la CEDEAO souhaite encadrer et réglementer ce secteur. En s’appuyant pour cela sur les expériences menées par les pays de la sous-région comme le Mali et le Burkina Faso, « Par exemple, en avril 2019, nous avons fait un bilan, où chaque État membre est venu exposer son cadre légal, réglementaire et institutionnel. Nous avons pris ce que l’on appelle « les bonnes pratiques » que l’on retrouve dans des pays comme le Ghana qui est le premier producteur de la région. Mais aussi celles du Mali et surtout du Burkina Faso. Ils veillent beaucoup à cette pratique illicite d’exploitation de l’or. Et nous comptons nous inspirer de leurs lois dans le texte communautaire que nous voulons élaborer », explique Sediko Douka.
Au Burkina Faso comme au Mali, les Chambres de commerce et les agences en charge du secteur de l’orpaillage ont commencé à regrouper les orpailleurs en coopératives et à délimiter des couloirs où les creuseurs peuvent travailler en respectant les règles de sécurité. Ces politiques s’accompagnent d’incitations fiscales et d’aides à la mécanisation des petites mines. Pour la CEDEAO, la nouvelle loi permettra aussi d’harmoniser l’ensemble sous-régional, et de mieux réguler le commerce de l’or, en diminuant les fraudes. Sediko Douka espère que la nouvelle réglementation communautaire sera adoptée par les 15 pays membres avant fin mars 2022.