La Junte qui a renversé mardi le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré jeudi qu’un « président de transition » serait nommé: Même si la classe politique proche d’IBK condamne toujours le coup d’Etat, ils sont ouverts au dialogue avec les militaires.
Pour Maouloud Ben Kattra, membre de la majorité présidentielle :
« Il ne peuvent pas à eux seuls travailler sur ce pays. Les attentes ont été grandes, ils nous ont écouté, nous avons échangé et tout ce qui adviendra de cette proposition de la transition qu’ils veulent mettre en place. Nous avons dit que les défis sont énormes, les enjeux sont énormes, mais il faudrait vite aller à la mise en place des organes de la transition pour qu’on puisse véritablement travailler. »
Les membres de l’ancien gouvernement veulent progresser dans cette transition politique sans interférence extérieure, comme l’explique Sidibé Dédeou Ousmane, responsable de la confédération syndicale des travailleurs du Mali :
_ »Je crois que les maliens sont un peuple qui doit s’assumer aussi. Face à nos problèmes et à nos responsabilités, nous demandons à ce que la communauté internationale dans son ensemble, ne prenne pas de sanctions contre le peuple malien qui cherche tout simplement à résoudre ses propres problèmes. Il faudrait plutôt que cette communauté internationale assiste le peuple malien, au lieu de lui créer plus de problèmes. » _
Les pays voisins du Mali réclament le »rétablissement » d’IBK
Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) étaient réunis en sommet virtuel trois jours après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Mahamadou Issoufou le président du Niger et président de la Cédéao a décidé de « dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l’ordre constitutionnel » au Mali et le « rétablissement » du président malien Ibrahim Boubacar Keïta.
« Le Mali est dans une situation critique, avec des risques graves qu’un affaissement de l’Etat et des institutions n’entraîne des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé », a poursuivi M. Issoufou, président en exercice de la Cédéao, rappelant aux putschistes « leur responsabilité » quant à « la sécurité du président Ibrahim Boubacar Keita et des officiels arrêtés ».
Au Mali, la Cédéao mènera des discussions pour « faire comprendre aux responsables de la junte militaire que les temps de prise de pouvoir par la force sont révolus, a ajouté le président Issoufou, demandant « la mise en oeuvre immédiate d’un ensemble de sanctions contre tous les militaires putschistes, et leurs partenaires « .
Dans la capitale malienne, des soldats étaient postés jeudi devant la cité administrative, qui abrite la plupart des ministères. Mais les habitants, qui ont généralement bien accueilli le changement de régime, vaquaient normalement à leurs occupations, notamment sur les marchés.
Keïta toujours détenu
Le Mali est désormais dirigé par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avec à sa tête le colonel, Assimi Goïta. Ce dernier a promis des élections dans un « délai raisonnable ».
A l’instar de l’ONU, de la France ou des Etats-Unis, l’ONG Amnesty international a appelé jeudi les auteurs du coup d’Etat à libérer immédiatement les personnalités arrêtées et réclamé une enquête sur la mort par balles de quatre personnes lors des événements de mardi, alors que la junte affirme qu’il n’y a eu aucune victime.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a condamné « un coup de force militaire contre un dirigeant démocratiquement élu » et a demandé à ce qu’Ibrahim Boubacar Keïta « soit relâché le plus vite possible et qu’aucune violence ne soit faite ».
Le président français a également appelé à ce que le pouvoir « soit rendu le plus rapidement possible aux civils, et qu’une transition rapide et démocratique soit assurée », en soulignant que la stabilité du pays et la lutte contre le terrorisme était une priorité de la France.
Parmi les dix-neuf militaires et civils arrêtés par la junte, deux personnes ont été libérées : Abdoulaye Daffé, ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement dissous, et Sabane Mahalmoudou, chargé de mission à la présidence, et très proche d’IBK.
Selon une source proche de la junte, les dix-sept autres personnes toujours privées de liberté ont changé de lieu de détention.
L’ex-président IBK et son Premier ministre Boubou Cissé sont depuis jeudi 20 août après-midi toujours à Kati, mais gardés dans une villa. « Nous avons autorisé une délégation de la division Droits de l’homme de la mission de l’ONU à Bamako conduite par son chef Guillame Nguefa, à leur rendre visite », a déclaré à RFI, un responsable de la junte.