Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre Boubou Cissé ont été arrêtés mardi en fin d’après-midi par des militaires en révolte, a affirmé un des chefs de la mutinerie, tandis que des soldats fraternisaient avec des manifestants qui réclament depuis des mois le départ du chef de l’État.
Tôt mardi matin, des soldats ont pris le contrôle du camp militaire de Kati, proche de Bamako, faisant craindre une tentative de coup d’État.
Une coalition hétéroclite de chefs religieux, politiques et de la société civile, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), réclame le départ du président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans.
Alliance contre « IBK »
Le 30 mai, l’influent imam conservateur Mahmoud Dicko, des partis d’opposition et un mouvement de la société civile nouent une alliance inédite qui appelle à manifester pour réclamer la démission du président. Ils dénoncent l’impuissance du pouvoir face à l’insécurité, le marasme économique et la décision de la Cour constitutionnelle.
Le 5 juin, les Maliens descendent par milliers dans la rue contre le président.
Le chef de l’Etat reconduit à la mi-juin le Premier ministre Boubou Cissé et le charge de former le nouveau gouvernement, puis ouvre la porte à un gouvernement d’union nationale.
Le 19, des milliers de Bamakois réclament à nouveau la démission du président.
Les 7 et 8 juillet, le président indique qu’il pourrait nommer au Sénat des candidats aux législatives initialement déclarés vainqueurs puis donnés battus par la Cour constitutionnelle, et ouvre la voie à un réexamen de la décision de la Cour constitutionnelle sur les législatives.
Les dirigeants de la contestation rejettent les gestes du président.
Coups de feu près de Bamako
Le 17, l’opposition annonce de nouvelles manifestations cette semaine pour réclamer le départ du président, avec en point d’orgue l’occupation d’une place symbolique au cœur de Bamako.
Le 18, des soldats tirent des coups de feu en l’air dans le grand camp militaire de la ville-garnison de Kati, proche de Bamako, et en prennent le contrôle.
Le gouvernement malien demande aux militaires frondeurs de « faire taire les armes », se disant prêt à engager un « dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus », selon un communiqué du Premier ministre Boubou Cissé.
La Cédéao, évoquant une « mutinerie », appelle les militaires « à « regagner sans délai leurs casernes ».