Dans un entretien accordé à l’APS , Alioune Tine, militant des droits de l’homme et expert indépendant des Nations unies, a fait part mercredi de son souhait de voir les chefs d’Etat africains prendre part à la dénonciation des crimes à caractère raciste encore perpétrés dans le monde, quoique n’étant ‘’plus tolérables’’.
‘’Les crimes racistes ne sont plus tolérables. L’Union africaine même est sortie de sa réserve pour s’indigner [de la mort de George Floyd). Cela dit, il est souhaitable d’entendre la voix de nos chefs d’Etat africains. Dans le passé, ils étaient en première ligne contre l’apartheid (la ségrégation raciale en Afrique du Sud), il faut qu’ils soient en première ligne contre le racisme’’.
George Floyd, un jeune Américain noir, est mort à la suite de son interpellation par des policiers, le 25 mai, à Minneapolis, aux Etats-Unis.
Les manifestations survenues à la suite de sa mort, organisées contre le racisme aux Etats-Unis, sont sans précédent depuis l’époque de Martin Luther King (1929-1968), a souligné Alioune Tine, estimant que ce ‘’pays a amorcé une nouvelle bifurcation en matière d’impunité des crimes racistes commis par des policiers’’.
‘’Derek Chauvin (l’un des policiers qui ont interpellé George Floyd) semble être le premier policier blanc à être inculpé pour homicide [involontaire] après la mort d’un Africain-Américain à la suite de brutalités policières. Les Noirs américains ne sont plus seuls dans ce combat’’, estime M. Tine, fondateur du ‘’think tank’’ (groupe de réflexion) Afrika Jom Center, ancien coordonnateur pour l’Afrique de la Conférence mondiale contre le racisme.
‘’La démocratie américaine est ternie par la mort des Noirs américains victimes de tortures, de traitements cruels, inhumains et dégradants, de façon récurrente et en toute impunité’’, a dénoncé l’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme.
‘’George Floyd figure au bas d’une liste d’assassinats de Noirs brutalement assassinés par la police [américaine]’’, a souligné Alioune Tine, rappelant que ‘’la justice et l’équité sont des valeurs indispensables dans la définition de l’Etat de droit’’.
M. Tine dénonce ‘’ce racisme [qui] ternit beaucoup l’image de la démocratie américaine [et] semble perpétuer la pratique odieuse de triste mémoire du lynchage’’.
‘’Comment ne pas se réjouir de la colère et de l’indignation des Américains, toutes communautés confondues, pour bannir massivement l’impunité du crime et réclamer justice pour George Floyd ? Comment ne pas se réjouir des manifestations de protestation qui ont lieu partout dans le monde pour rejeter le racisme ?’’ s’est-il interrogé.
L’indignation générale consécutive à la mort de George Floyd est le signe d’une ‘’humanité qui rassure profondément les militants des droits de l’homme’’, s’est réjoui Alioune Tine, ex-directeur d’Amnesty International en Afrique de l’Ouest et du Centre.