Dans un communiqué conjoint parvenu à Senego, le FRAPP (Front pour une Révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine) et FDS (Forces démocratiques du Sénégal) assimilent la gestion de la pandémie du COVID-19 par Macky Sall et son gouvernement à un fiasco général. Ils exigent la démission du ministre Mansour Faye, cité dans les graves scandales liés aux marchés du riz, du sucre et du convoyage des denrées alimentaires destinées aux populations vulnérables. Ils demandent également à Abdoulaye Diouf Sarr de faire la lumière sur l’achat d’équipements et médicaments d’une valeur de 2 milliards dans le cadre de la riposte au Covid-19.
In extenso, le communiqué
« La gestion de la pandémie du COVID-19 par Macky Sall et son gouvernement vire au fiasco général.
Au plan sanitaire, la hausse vertigineuse du nombre de contaminés et la persistance des cas de contamination issus de la transmission communautaire font craindre le pire.
Au plan socio-économique, les Sénégalais déjà durement éprouvés par les effets désastreux de l’état d’urgence et du couvre-feu paient, au prix fort, les défaillances et scandales en cascade dans la mise en oeuvre des mesures de contingence prises par le gouvernement.
Au plan politique, le président de la République qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en dépouillant le parlement de ses prérogatives s’enfonce dans un autoritarisme lourd de dangers pour notre démocratie.
Le président Macky Sall porte l’entière responsabilité de la faillite dans la gestion de la pandémie du COVID-19 et il doit l’assumer devant le peuple sénégalais. Face à la gestion calamiteuse de la crise du COVID-19 qui expose le pays entier au chaos sanitaire, économique et social, le Frapp et Fds ont décidé de joindre leurs voix à celles des forces vives encore debout, pour mettre le Chef de l’Etat devant ses responsabilités.
Au plan politique, le Frapp et Fds exigent la démission du ministre Mansour Faye du gouvernement. Son maintien dans l’équipe gouvernementale, alors que son nom est associé aux graves scandales liés aux marchés du riz, du sucre et du convoyage des denrées alimentaires destinées aux populations vulnérables, est une prime à la mal gouvernance. Les deux organisations ont déjà saisi l’OFNAC d’une plainte et réclament une enquête sérieuse et impartiale afin de démasquer puis sanctionner tous les rentiers de la République qui, sans pudeur, font de la grave crise sanitaire que traverse notre pays une opportunité de fraudes et de malversations au moyen d’un business malsain.
Le ministre de la santé est aussi appelé à faire la lumière sur l’achat d’équipements et médicaments d’une valeur de 2 milliards dans le cadre de la riposte contre le Covid-19 dont l’intersyndicale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) dénonce le caractère nébuleux de la commande passée par le biais d’un privé. Cette commande a-t’elle pris en compte le don de 20000 tests rapides (entre autres équipements médicaux) offert par le milliardaire chinois Jack Ma au Sénégal et réceptionné par vol cargo le 28 mars 2020 ?
Au plan sanitaire, la gravité de la crise impose des mesures radicales.
Au 23 avril 2020, le Sénégal ne dépassait guère 17 000 tests au total. A la même date, le Ghana avait fait plus de 70 000 tests et prévoyait d’atteindre 100 000 tests dès la semaine suivante. Il n’est donc pas étonnant de voir les Ghanéens amorcer aujourd’hui une phase de déconfinement. Il ne fait aucun doute que sans dépistage massif, aucune donnée statistique sur la progression de la maladie ne peut être fiable. C’est pourquoi le Frapp et Fds réclament vivement la massification des tests pour prendre la pleine mesure de la prévalence de la pandémie. Dans ce contexte où la massification des tests apparait comme une impérieuse nécessité, le rejet de la proposition de l’IRSSEF du professeur Souleymane Mboup qui se dit prêt à réaliser 11 000 tests par jour est particulièrement troublant.
La réquisition et la nationalisation de l’institut Pasteur est aussi un impératif de premier plan, de même que la réquisition, la réouverture et la nationalisation de Médis Sénégal avec l’Etat comme actionnaire majoritaire. La décision de la France de suspendre la fourniture de médicaments au Sénégal dans ce contexte de pandémie doit inciter notre Etat à se doter d’une indutrie pharmaceutique nationale digne de ce nom pour veiller à la sécurité sanitaire de nos compatriotes.
A l’heure où le général Macky Sall a déserté le front, préférant se réfugier dans son salon pour s’adonner au ludo, le personnel soignant qui est en première ligne dans la guerre contre le COVID-19 mérite un meilleur sort. Le Frapp et Fds exigent la revalorisation des primes du personnel soignant, le recrutement dans la fonction publique de tous les titulaires de CDD qualifiés, le recrutement des diplômés chômeurs et la fourniture de moyens de protection adéquats et suffisants à tout le personnel. L’audit de la réforme hospitalière de 1998 et l’édification d’un hôpital national, populaire et démocratique sonnent aussi comme des mesures urgentes.
Le peuple sénégalais qui a déjà payé un lourd tribut dans la lutte contre la pandémie du COVID-19 ne peut plus accepter qu’un secteur aussi vital que celui de la santé soit sacrifié sur l’autel de dépenses de folie destinées à entretenir une clientèle politique à la solde de ses intérêts bassement égoïstes. La suppression d’institutions aussi « budgétivores » qu’inutiles comme le Haut conseil des collectivités territoriales, le Conseil économique, social et environnemental et la Commission nationale du dialogue des territoriales constitue une exigence populaire.
Les fonds alloués à ces institutions doivent être orientés vers l’aide alimentaire destinée aux populations vulnérables.
En définitive, les aspirations des peuples à la démocratie et à la dignité seront, sans aucun doute, plus pressantes à la fin de la pandémie du COVID-19. Ainsi, au plan national, le Frapp et Fds appellent à la mise en place d’un Front pour la révolution nationale, démocratique et populaire. Nous invitons toutes les organisations et personnalités qui luttent pour une démocratie radicale à rejoindre cette plateforme.
Au plan africain, les deux organisations donnent mandat à Guy Marius Sagna et Dr Babacar Diop de préparer, avec les forces progressistes, le Congrès d’une nouvelle Internationale Africaine pour soutenir les luttes des peuples africains pour la démocratie et la dignité. »
Fait à Dakar, le 06 mai 2020