«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.» La citation de Corneille est taillée sur mesure pour Mohamed Fadel Ndiaye. Le jeune styliste n’a que 18 ans, mais il est bouillonnant d’idées. Ce samedi, lors de son premier flash mode à la Galerie nationale, il a montré tout son génie à la presse culturelle sénégalaise. Une avant-première de son grand défilé sur le thème du marché Kermel. L’évènement a suscité du goût et soulevé le manque de moyens des jeunes stylistes.
La Galerie nationale d’art s’est muée en plateau de défilé de mode ce samedi. Le jeune styliste Mohamed Fadel Ndiaye y montrait une partie de ses créations, en prélude au grand défilé qu’il tiendra sur le thème du marché Kermel. La date n’est pas encore fixée mais Mohamed Fadel Ndiaye se dit décidé. « J’ai décidé de montrer un aperçu de mon travail à des journalistes culturels, critiques d’art et professionnels de la mode, afin de recueillir leurs avis, critiques et suggestions», indiquait-il dans son communiqué d’invitation. En effet dans ces 6 créations, Mohamed Fadel Ndiaye, dispose de façon entrecroisée ses mannequins fleurs et vendeuses (Ndlr, ce sont des mannequins qui posent en fleurs et d’autres qui posent en vendeuses). Travaillant sur les supports blancs, Fadel surfe parfois sur des tons sombres : du noir ou du marron. Il noue ses pagnes au style traditionnel, et les rehausse d’une touche occidentale avec du tulle. Pour lui, l’enjeu c’est de montrer comment les vendeurs de fleurs s’habillaient à une certaine époque.
Ramène-t-il ainsi l’esprit du marché Kermel au sein de la Galerie nationale d’art, pour montrer tout l’intérêt et l’attrait qu’avait ce marché ? Tout porte à le croire. Kermel est en effet pour Mouhamed Fadel Ndiaye, un endroit hors du commun. «J’étais parti acheter une fleur pour ma maman, à l’occasion de la fête des mères et je suis tout naturellement tombé amoureux de cet endroit», raconte le jeune styliste qui décide après son coup de foudre de créer une collection de 30 tenues entièrement dédiées au marché. L’aperçu de cette collection donne des fleurs de toutes les formes et de toutes les senteurs. Pour ce jeune créateur, la fleur est «un symbole de nudité et de pureté».
De belles créations qui manquent de fonds
Venu voir les créations du jeune styliste, Moe Sow, le promoteur de Style challenge Africa (Ndlr : une émission de mode qui passe actuellement sur la Rst1 et Rts2), pense que Mouhamed Fadel Ndiaye a beaucoup de créativités. Mais il lui manque «plus de densité dans ses créations». Relevant qu’il est encore jeune et qu’il a du chemin à faire, Moe Sow pense que le moment viendra où ce jeune prodige émerveillera le milieu de la mode. Cela pourra être possible lorsque Mohamed Fadel aura plus de moyens. Présélectionné pour participer à l’émission Style challenge Africa, avec dix autres jeunes créateurs, le jeune homme a foi en son esprit créatif. Toutefois ce qui, l’inquiète, c’est son prochain défilé intitulé «Marché Kermel». Sur ce projet qu’il prend à bras le corps, il relève l’absence des sponsors et de partenaires. Il lui faut 3 millions pour tout mener à bien et organiser ce «Flash mode» (Ndlr : un défilé de 2 à 3 pièces, en mode renouée, marche rapide, ou en exposition, qui dure 10 à 15 minutes max 30 minutes), pour attirer les chefs d’entreprises et investisseurs dans la mode.
«Le flash mode n’est pas coûteux, donc adapté aux jeunes stylistes qui n’ont pas assez de fonds pour organiser des défilés», confie-t-il, avant de se désoler qu’au Sénégal le monde de la mode soit si pauvre. «On n’a pas réellement de grands évènements qui puissent créer une activité pour nous jeunes créateurs et les mannequins, les seuls trois événements réguliers sont la Black fashion week, Simod, Sira vison», liste-t-il navré.
Source:lequotidien