Le bilan va compter le jour du scrutin, mais il ne sera pas suffisant. L’économiste Moubarack Lo affirme que si on se fiait uniquement au bilan, le président Abdou Diouf serait réélu.
Il faudra au président Macky Sall, candidat à sa propre succession, plus qu’un bilan pour se faire réélire. Observateur de la société civile, Moubarack Lo affirme que ses réalisations à elles seules, ne suffisent pas à le faire triompher en février 2019. «Le bilan compte, mais le bilan n’est pas suffisant», déclare Moubarack Lo. «En 2000, le bilan du président Abdou Diouf, disons sur le plan purement analytique, n’était pas mauvais, il était même assez bon. Si c’était simplement son bilan, il avait sans doute des chances d’être réélu, mais les électeurs ne votent pas toujours pour le bilan», poursuit-il. Le camp du pouvoir compte sur le bilan du président Macky Sall pour un second mandat. Mais Moubarack Lo souligne que le bilan économique, même le bilan des infrastructures n’est pas le bilan de l’emploi, ni de la qualité de vie ressentie par chacun dans sa maison. «Ce n’est pas non plus le bilan des perceptions», dit-il, ajoutant qu’il faut regarder plusieurs aspects. Car à l’en croire, il y a l’économie certes qui est là avec un taux de croissance de 6,6 % en moyenne depuis 2015, deuxièmement il y a un bilan infrastructurel, mais selon lui, il y a la réalité et la perception. Il explique que celui qui n’a pas d’emploi quel que soit ce que vous lui dites, il dira qu’il n’a pas d’emploi et qu’il ne bénéficie pas de la croissance. Troisièmement, une élection c’est aussi l’offre politique, d’après lui. «Il y a le bilan, mais il y a aussi les perspectives que proposent les autres. C’est tout cela qui va jouer», dit-il.
D’autre part, Moubarack Lo qui s’exprimait en marge de la 3e conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique, affirme que nous vivons une situation exceptionnelle avec une élection présidentielle sans le Pds et Khalifa Sall. Et pour cause, il soutient que le Pds n’est plus celui d’avant et son leader historique vit à Paris. «A situation exceptionnelle, conditions exceptionnelles aussi. Ce qui est en train de se passer ce n’est pas une situation où tout est normal parce que si le Pds était tel qu’il était, il est clair qu’il se serait dans doute mieux organisé», poursuit-il, refusant de voir la main du pouvoir derrière leur exclusion de la course à la présidentielle. Moubarack Lo affirme que dans la vie, il faut juger ce dont on est sûr. Et selon lui, la seule chose sûre c’est que le Conseil constitutionnel s’est fondé sur le droit pour dire que ces deux ne peuvent pas être candidats. «Je suis juste un observateur de la société civile. Je ne peux me fonder que sur ce que dit le Conseil constitutionnel. Maintenant, si demain, il y a un argument juridique valable qui dirait que le Conseil constitutionnel n’a pas dit le droit, ce serait dans ce cas autre chose. Mais pour l’instant, c’est argument contre argument. Qui a la vérité, je ne sais pas», affirme Moubarack Lo.