Fakhman se confie à Thioro: « J’étais un voleur, je volais des millions »
Un témoignage poignant d’un jeune fakhman qui a abandonné le domicile familial, errant dans les rues puis ne voulant pas rester chez lui et se limiter à manger et à boire. Piqué par son orgueil, il fera face aux dures réalités de la vie loin de ses proches.
Dans ce reportage, le jeune homme montre une partie de la vie des personnes dites «Fakhmaan», perçues par beaucoup comme les auteurs des agressions et autres atrocités.
A y voir de plus près, l’on ne peut nier un tel état de fait. L’Etat n’y a t-il pas un rôle à jouer ? La famille ? Comment la société elle-même doit se comporter par rapport à ces personnes ?
Voila ici tant de points qui méritent profondes réflexions. En attendant que des solutions puissent être trouvées, regardez ce témoignage poignant.
Dans les cas que nous avons étudiés, et au regard des résultats de l’enquête, nous avons mis en lumière une sorte de refus de la rue de la part de certains enfants. Ils nous montrent qu’ils ont gardé tout au long de leurs parcours un certaine distance avec la rue, et cette distance est particulièrement perceptible au travers des dynamiques identitaires.
Hassan, ce jeune confié à sa tante dont nous avons déjà parlé, se retrouve dans la rue confronté à des insultes de la part d’autres enfants.
… mais j’ai vraiment été emmerdé là-bas parce qu’on arrêtait pas de se moquer de moi. A chaque fois, il y avait des jeunes qui me traitaient de « fakhman, fakhman ! », ce qui me faisait mal. J’allais jusqu’à me battre sur ces provocations.
Nous avons vu plus haut ce qu’est un fakhman. Or ici, Hassan refuse cette catégorisation
stigmatisante, alors que si l’on se réfère à ce qu’est un fakhman étymologiquement (voir page 32), il
est effectivement un enfant en situation de rue suite à une rupture avec son milieu d’origine. Mais
souvent, ce sont les fakhmans eux-mêmes qui choisissent de se dénommer ainsi, marquant par là une identification particulière à la rue, à leur groupe, etc. Il n’y a rien de tout cela dans le cas de Hassan, qui reste seul, sans contact avec ses pairs, et rejette donc cette étiquette :
– Tu ne te considérais pas comme un fakhman donc.
– Non […] Un fakhman n’est rien d’autre qu’un bandit, et c’est quelqu’un qui aime la facilité, qui ne va pas chercher du travail et agresse les gens, c’est comme ça qu’il fait.
Il refuse donc de se voir associé à ce qu’il perçoit comme des enfants ou adolescents violents, voleurs, etc. Ses réactions (il va jusqu’à se battre) montrent que l’image qu’il renvoie est importante pour lui, et qu’il souhaite donc la préserver, en se défendant dès que cette dernière est mise en cause. Il se définit simplement, de la façon suivante :
Je me considérais comme un être humain qui cherche à se débrouiller dans la rue.