Après la réception par la justice burkinabè d’un premier lot d’archives déclassifiées en provenance de la France, les circonstances de la mort de l’ancien président du Faso pourraient être enfin connues.
« Les archives sont aujourd’hui disponibles et ouvertes à la justice burkinabè, sauf pour les documents classifiés et couverts par le secret défense. J’ai pris un engagement clair […] : ces documents seront déclassifiés pour la justice burkinabè qui aura accès à tous les documents sur l’affaire Sankara. » Un an après le discours de Ouagadougou, la promesse d’Emmanuel Macron a été tenue. D’après RFI, la justice burkinabè a en effet reçu par voie diplomatique, le 9 novembre dernier, un premier lot d’archives. Il comprend notamment les dossiers des ministères français concernés à l’époque, soit ceux de l’Europe et des Affaires étrangères.
Les autorités doivent maintenant répertorier les documents reçus, des pièces et auditions de personnes effectuées dans le cadre de la commission rogatoire internationale mise en place. Dans les semaines à venir, un deuxième lot d’archives doit être envoyé au Burkina Faso. L’un des avocats de la famille Sankara, cité par RFI, salue le respect des engagements pris par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Ouagadougou. Il assure qu’il s’agit d’une avancée significative dans la quête de la vérité sur l’assassinat du président Thomas Sankara.
La lumière sur une histoire vieille de plus de 30 ans
La levée du secret-défense permettra, enfin, d’éclaircir les zones d’ombre de la mort de l’ancien président du Faso, tué le 15 octobre 1987 à l’âge de 37 ans. En effet, les circonstances n’en sont toujours pas clairement établies. Une enquête a été ouverte pour la première fois le 29 septembre 1997 à Ouagadougou, à la suite de la plainte de sa veuve Mariam Sankara. Mais elle a été véritablement relancée fin mars 2015 sous le gouvernement de transition. Jusque-là, douze personnes ont été inculpées dans l’affaire, dont le médecin qui a rédigé l’acte de décès et le général Gilbert Diendéré, homme de confiance de l’ex-président Blaise Compaoré. Il est poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’État, séquestration, terrorisme et crime contre l’humanité ».
Deux mandats d’arrêt internationaux ont par ailleurs été émis à l’encontre de Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire, et Hyacinthe Kafando, chef du commando. « La mémoire du président Thomas Sankara reste vivace à travers le monde. Son sacrifice pour l’émancipation et la dignité du peuple burkinabè ne sera pas vain. Je réitère mon engagement à œuvrer pour l’aboutissement de la justice dans le dossier de son assassinat », avait twitté le 15 octobre dernier le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré. Reste à savoir si les documents envoyés lui permettront d’atteindre son but.