Une première aux Philippines dans la guerre anti-drogue du président Rodrigo Duterte : trois policiers viennent d’être condamnés pour avoir assassiné un adolescent lors d’un raid.
Avec notre correspondante à Manille, Marianne Dardard
Reconnus coupables de meurtre, les trois policiers de Manille écopent de la prison à vie, assortie d’une période de 20 ans de sûreté.
Il s’agit d’une condamnation rarissime pour des agents aux Philippines et du jamais-vu depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte, alors que la police figure en première ligne de la guerre anti-drogue et que le président a presque toujours défendu les forces de l’ordre.
Kian de los Santos, 17 ans, est mort abattu il y a un an lors d’une opération anti-drogue. D’après les trois policiers, le jeune était armé. Mais les images de vidéosurveillance ont depuis montré le contraire.
A l’époque, Rodrigo Duterte avait décidé de suspendre encore la participation de la police dans la guerre anti-drogue suite à ce meurtre.
« Crimes contre l’humanité »
Aujourd’hui, hormis les trois agents, aucun de leurs chefs n’est condamné. Sans remettre en cause la campagne anti-drogue, le porte-parole présidentiel a minimisé la portée du jugement, réaffirmant que Rodrigo Duterte « s’oppose aux homicides volontaires ».
En août, une seconde plainte a été déposée contre Rodrigo Duterte à la Cour pénale internationale (CPI), laquelle pourrait décider d’ouvrir une enquête pour « crimes contre l’humanité ».
Selon le gouvernement, en deux ans, 5 000 individus, tous suspectés de narcotrafic, ont été abattus dans des opérations anti-drogue par les forces de l’ordre qui, elles, parlent de « légitime défense ».
Ce chiffre est trois voire quatre fois inférieur aux estimations des ONG de défense des droits de l’homme, qui estiment jusqu’à 20 000 le nombre de tueries extrajudiciaires.
RFI