Une étude suédoise a constaté que les hommes dont le père était fumeur au moment de leur conception avaient moins de spermatozoïdes que les fils de non fumeurs, et ce indépendamment de l’exposition maternelle à la nicotine.
Si les méfaits de la consommation de tabac sur la fertilité masculine du fumeur sont bien documentés, les conséquences sur la fertilité de la génération qui suit sont bien moins connus.
On sait que le tabagisme durant la grossesse nuit à la fertilité du futur bébé. Mais qu’en est-il du tabagisme du futur papa ?
Une étude de l’Université de Lund en Suède a visiblement un début de réponse à cette question, puisqu’elle a permis d’observer que les hommes dont le père fumait lors de la conception avaient deux fois moins de spermatozoïdes que les fils de non-fumeurs.
Publiée dans la revue Plos One, l’étude a été menée auprès de 104 hommes âgés de 17 à 20 ans. Après avoir pris en compte d’éventuels biais tels que l’exposition de la mère à la nicotine pendant la grossesse, les facteurs socioéconomiques et le tabagisme des participants, les scientifiques ont analysé et comparés les différents échantillons de sperme.
Et le verdict est net : les jeunes hommes dont le père avait fumé lors de la conception présentaient une concentration spermatique réduite de 41% et un nombre de spermatozoïdes totaux inférieur de 51% par rapport à ce qui a été mesuré chez les participants issus de pères non fumeurs.
“J’ai été très surpris par le fait que, quel que soit le niveau d’exposition de la mère à la nicotine, le nombre de spermatozoïdes des hommes dont le père fumait était vraiment inférieur”, a indiqué Jonatan Axelsson, co-auteur de l’étude et chercheur spécialisé en médecine environnementale.
“Contrairement à l’ovocyte maternel, les gamètes du père se divisent de façon continue tout au long de la vie et des mutations se produisent souvent au moment précis de la division cellulaire. Nous savons que la fumée du tabac contient de nombreuses substances qui provoquent des mutations. On peut donc imaginer qu’au moment de la conception, les gamètes ont subi des mutations et transmettent ainsi des gènes qui entraînent une réduction de la qualité du sperme chez les descendants mâles”, a ajouté le scientifique pour expliquer ces résultats. Si cette étude ne présente qu’une corrélation, il y a fort à parier qu’il existe bien un lien de causalité entre fertilité masculine et tabagisme paternel, car d’autres études mettent en avant des liens entre consommation de tabac, dommages dans l’ADN des spermatozoïdes et risque de mutation chez l’enfant à naître.
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