Nouveau coup de théâtre au procès de Kananga. Un colonel de l’armée congolaise a été brièvement interpellé, ce lundi, après avoir été accusé de fournir des armes au groupe accusé d’avoir tué les deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan. Ces deux enquêteurs avaient été assassinés par de présumés miliciens Kamuina Nsapu, mais une enquête de RFI et de l’agence de presse Reuters avait révélé, il y a un an, l’existence d’un réseau d’agents de l’Etat ayant joué un rôle trouble dans cette affaire. Et parmi eux, figurait déjà ce colonel, Jean de Dieu Mambweni.
A la barre, le présumé chef de milice, Vincent Manga : il est accusé d’avoir participé à l’assassinat des experts. Ce dernier a démenti jusque-là toute responsabilité, il a même assuré n’avoir jamais intégré les milices Kamuina Nsapu.
Ce lundi, il a raconté une tout autre histoire. Il a dit avoir vu son coaccusé, Jean-Bosco Mukanda, l’ancien chef de milice, devenu informateur de l’armée congolaise, remettre une mèche de cheveux de l’experte suédoise Zaida Catalan aux chefs de villages voisins. Sa tête, l’ex-témoin vedette de l’accusation, devenu depuis quelques semaines l’un des principaux accusés, Jean-Bosco Mukanda l’aurait gardé pour les commanditaires.
Jean-Bosco Mukanda dément. Mais son coaccusé Vincent Manga va plus loin et assure que certains des chefs des milices auraient reçu après la mort des experts des cadeaux, des parcelles, des postes. Il cite parmi leurs généreux donateurs, l’ex-gouverneur Alex Kandé ou l’ancien ministre Clément Kanku. Vincent Manga ne s’arrête plus de parler. Il désigne également le colonel Jean de Dieu Mambweni comme l’un de ceux qui ont fourni des armes aux milices.
Selon l’enquête menée par RFI et Reuters, ce colonel a joué un rôle clef dans l’organisation de la mission des experts. Il les a mis en relation avec les éléments des services de renseignements qui vont leur mentir sur les conditions de sécurité. Ce lundi, en l’absence de l’auditeur général de l’armée et à la surprise générale, Jean de Dieu Mambweni est arrêté par ses frères d’armes avant d’être discrètement libéré.
Le général Munkuntu l’auditeur général de l’armée explique n’avoir jamais donné son accord pour cette arrestation, assurant que les accusations portées contre ce dernier doivent être étayées de preuves.
RFI