On ne présente plus les bienfaits des probiotiques, des micro-organismes vivants non pathogènes, censés rétablir l’équilibre des bactéries de la flore intestinale et renforcer le système immunitaire. En raison de leur popularité, des chercheurs de la Washington University School of Medicine de Saint-Louis ont voulu savoir si leur recours était nécessaire dans un cas d’utilisation précis : la gastro-entérite chez l’enfant. Car si le traitement par les solutions de réhydratation orale est en général suffisant, certains médecins peuvent prescrire en complément des probiotiques (non remboursés par l’Assurance maladie) pour diminuer l’intensité et la durée des vomissements et/ou de la diarrhée chez les jeunes patients.
Mais les résultats de leur étude, qui concerne près de 1 000 enfants âgés de 3 mois à 4 ans, indiquent qu’un probiotique couramment utilisé n’est pas efficace pour améliorer les symptômesdans ce cas précis. « Les probiotiques sont devenus un moyen populaire de traiter les enfants atteints de gastro-entérite aiguë », a déclaré le Pr David Schnadower, auteur principal de l’étude. « Certaines études de moindre envergure ont indiqué qu’ils pouvaient aider, mais elles comportaient un certain nombre de limites. Nous avons cherché à fournir des preuves indépendantes en faveur ou contre l’utilisation de probiotiques chez les nourrissons et enfants en bas âge souffrant de gastro-entérite aiguë. »
La durée des symptômes est identique
Les chercheurs ont évalué l’intérêt d’un probiotique commun appelé Lactobacillus rhamnosus GG,ou LGG, dont certaines versions sont destinées aux bébés et aux enfants. Les enfants étaient éligibles s’ils étaient venus aux urgences avec des symptômes de gastro-entérite : selles liquides, vomissements, diarrhée ou autres signes d’infection intestinale aiguë. Ils devaient également ne pas avoir pris de probiotiques au cours des deux semaines précédentes. La moitié des participants ont été assignés au hasard pour recevoir ce probiotique deux fois par jour pendant cinq jours, tandis que les autres ont pris un placebo de même apparence et de goût, dans les deux cas en plus des soins cliniques standards.
Personne ne savait quels enfants ont reçu les probiotiques. Selon les chercheurs, que les enfants prennent un placebo ou un probiotique, leurs symptômes et leur rétablissement sont presque identiques. Les données ont ainsi montré que la diarrhée dans les deux groupes durait environ deux jours et que les enfants manquaient en moyenne deux jours de garderie. « Nous avons testé de nombreux scénarios différents, si le patient avait pris des antibiotiques, si la gastro était due à un virus ou à une bactérie, et depuis combien de temps la diarrhée avait eu lieu avant le traitement. Chaque fois, nous sommes arrivés à la même conclusion : le LGG n’a pas aidé », estime le Pr Schnadower.
Outre leurs conclusions, les chercheurs tiennent à mettre en garde les parents sur le fait que les fabricants de probiotiques peuvent généralement prétendre que ces micro-organismes ont des effets bénéfiques sur la santé sans preuves rigoureuses à l’appui. C’est pourquoi ils recommandent aux parents de se tourner davantage vers l’achat de fruits et légumes frais pour aider le système immunitaire de leurs enfants à se rétablir. L’Assurance maladie préconise quant à elle de veiller à ce que l’enfant boive suffisamment (bouillons de légumes, solutions de réhydratation) et d’éviter de lui donner des aliments difficiles à digérer ou laxatifs (légumes verts, viandes, fruits acides, par exemple).
Santé Magazine