Ces «vents de sable» du Sahara qui fertilisent les Antilles

Les « vents de sable » ou « brumes de sable » sont un phénomène qui touche le bassin méditerranéen mais également les Amériques et en particulier les Antilles. A la même époque, tous les ans, du sable apporté par les vents obscurcit l’atmosphère et s’infiltre partout.

En Corse ou dans les Antilles, on se réveille un matin d’été ou d’automne, et l’air est opaque, laiteux, on y voit mal, ça gratte un peu la gorge, et c’est normal parce qu’on est en train de respirer de minuscules particules, plus petites qu’un millième de millimètre.

Ces particules constituées de sable et de poussières sont particulièrement nuisibles pour les asthmatiques. Mais les vents de sable ont aussi un aspect positif, parce qu’ils apportent en même temps des éléments qui fertilisent les sols, du fer, par exemple.

Le sable voyageur

Dans les Antilles françaises, en Guadeloupe, en Martinique, ce phénomène est surprenant parce qu’on est sur des îles, et qu’en face, il y a les 6000 km de l’océan Atlantique, on peut donc se demander d’où vient ce sable.

L’association Gwadair, installée à côté de Pointe-à-Pitre, est chargée de la surveillance de l’air. Céline Garbin, chargée d’études, pose des capteurs qui analysent les particules en suspension dans l’air, et les analyses ont montré qu’en 2017, la majorité de ces aérosols provenaient du Sahara, et spécifiquement d’une région au sud de l’Algérie.

Le Sahara, source inépuisable

Dans le Sahara, si la vitesse et la force de l’harmattan sont suffisamment élevées, le vent soulève le sable et les poussières, en particulier au pied des montagnes, là où les sédiments s’accumulent quand il pleut. Puis un vent puissant, le jet d’est africain, va transporter ces particules à travers l’Atlantique, à une altitude qui peut monter jusqu’à 6 ou 7 km.

Avec le réchauffement du climat, le Sahara a tendance à s’agrandir, la désertification à gagner du terrain. On pourrait donc penser intuitivement que les vents de sable vont s’accroitre dans l’avenir. Mais rien n’est simple avec le climat.

Pour Cyril Flamant, du laboratoire Latmos au CNRS, le réchauffement du climat amène un ralentissement de la circulation générale des vents, à l’échelle du globe, et une diminution de la différence de température entre les tropiques ; or c’est justement cette différence, ce gradient de température qui génère le vent. En conséquence, les vents de sable devraient diminuer dans l’avenir.

Un avenir moins venteux

Un autre facteur joue un rôle dans leur diminution prochaine : le réchauffement du climat est causé en particulier par l’accroissement du CO2 dans l’atmosphère. Or le CO2 joue également un rôle fertilisant, qui amène tout doucement un reverdissement du Nord-Sahel.

Pour prédire l’avenir dans le cadre du changement climatique, Cyrille Flamant et son équipe du CNRS ont d’abord étudié les vents de surface au cours du 20e siècle, couplés aux émissions de poussières, et ont intégré ces données dans des modèles prévisionnels.

Pour les 100 prochaines années, ces prévisions montrent une diminution des vents de sable, ce qui pourrait avoir des effets bénéfiques sur la santé des populations, mais pourrait réchauffer l’océan Atlantique tropical nord, le rendant plus propice à la formation de cyclones tropicaux.

RFI

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