« Inacceptable », « impoli », « pas sérieux » : la Turquie est furieuse contre la France, qui dément avoir reçu des informations d’Ankara au sujet du meurtre du journaliste Jamal Kashoggi et qui accuse le président Erdogan de « jeu politique ».
Le ton monte entre Paris et Ankara. La Turquie a éreinté lundi 12 novembre la France après que celle-ci a évoqué un « jeu politique » du président Recep Tayyip Erdogan à propos du meurtre de Jamal Khashoggi et démenti avoir reçu des informations de la part d’Ankara.
Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a déclaré ne « pas avoir connaissance » d’un partage d’informations turques, contredisant des déclarations de Recep Tayyip Erdogan. Interrogé sur l’éventualité d’un mensonge du président turc sur ce point, le ministre français a observé que ce dernier avait « un jeu politique particulier dans cette circonstance ».
« Le ministre français des Affaires étrangères a dépassé les bornes. Il doit apprendre à s’adresser à un chef d’État », a lâché le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. « Accuser notre président de jouer un jeu politique est extrêmement impoli. » « Je sais que le 24 octobre, notre service de renseignement a transmis tous les éléments, y compris un enregistrement audio, aux services de renseignement français à leur demande », a ajouté le ministre turc.
À la suite de la colère turque, le ministère français des Affaires étrangères a évoqué un « malentendu ». Selon le Quai d’Orsay, le ministre a voulu dire qu’il n’avait pas reçu d’informations turques permettant d’établir la « vérité complète » dans l’affaire Khashoggi, en l’occurrence sur les circonstances et les responsables de ce meurtre. « La vérité complète qui nous importe ne tient pas seulement à des enregistrements turcs, quelle qu’en soit la nature. La vérité complète, elle est aussi à rechercher à Riyad, dans nos échanges avec nos autres partenaires », a-t-on ajouté au ministère français des Affaires étrangères.
t pour la première fois confirmé officiellement samedi l’existence ‘d’enregistrements » portant sur le meurtre de Khashoggi, ajoutant qu’Ankara avait partagé ces documents avec plusieurs alliés, dont Washington, Berlin, Paris et Londres.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part confirmé lundi que les services canadiens avaient écouté les enregistrements et avaient été « pleinement informés de ce que la Turquie avait à partager ». L’Allemagne a de son côté évoqué un « échange entre services secrets » allemand et turc, se refusant toutefois à fournir davantage de précisions.