Le prix Goncourt décerné à Nicolas Mathieu avec « Les enfants après eux »

Le prestigieux prix Goncourt a été décerné mercredi à Nicolas Mathieu pour son roman « Leurs enfants après eux » (Actes Sud). Le Renaudot a quant à lui été attribué à Valérie Manteau pour « Le sillon » (Babelio).

Doublé gagnant pour Actes Sud : le prestigieux prix Goncourt revient cette année encore à un livre de la maison d’édition, avec le roman « Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu. Les jurés ont décidé de récompenser, mercredi 7 novembre, un roman d’apprentissage sur l’adolescence, véritable fresque politique et sociale. L’an dernier, le Goncourt avait été attribué à Éric Vuillard pour « L’ordre du jour », déjà édité par Actes Sud.

L’histoire du roman primé cette année se situe au cœur d’une ville frappée par la désindustrialisation. Comment se faire une vie quand à 14 ans on habite Heillange, une ville fictive mais qui ressemble à tant d’autres villes saignées par la mondialisation, avec ses hauts-fourneaux muets et l’ennui pour seul horizon ?

Le livre de la désillusion

L’écrivain suit une poignée d’adolescents, au cours de quatre étés (1992, 1994, 1996 et 1998). Tous ces gamins rêvent « de foutre le camp », mais que faire d’ici là ? Dans la torpeur de l’été, on tente de tuer l’ennui en matant les filles rassemblées au bord du lac. Il y a l’espoir que « quelque chose arrive », même si les eaux du lac « ont la lourdeur de pétrole ». Les adultes ne sont pas mieux lotis. Le père d’Anthony, ancien métallo, vivote en faisant de l’entretien de jardins et s’épuise dans l’alcool et la rancœur.

Le titre du livre provient d’une citation biblique (livre de Ben Sira le Sage) rappelant la vanité de toute chose : « Il y en a d’autres dont le souvenir s’est perdu ; ils sont morts et c’est comme s’ils n’avaient jamais existé, c’est comme s’ils n’étaient jamais nés et de même leurs enfants après eux ».

Malgré leurs rêves, les adolescents sont condamnés à vivre la vie étriquée de leurs parents. Les désirs demeurent inassouvis, même la rage de vivre s’étiole.

Le jury a écarté « Frère d’âme », de David Diop (éd. Seuil), pourtant annoncé comme favori. « Maîtres et esclaves, » de Paul Greveillac (Gallimard), et « L’Hiver du mécontentement », de Thomas B. Reverdy (Flammarion). Rituel immuable, le palmarès a été annoncé depuis le restaurant parisien Drouant, devant une nuée de journalistes.

Prix Renaudot surprise

Le prix Renaudot a quant a lui été attribué à Valérie Manteau pour « Le sillon » (Babelio). Le roman de l’ex-chroniqueuse de Charlie Hebdo y évoque la figure du journaliste et écrivain Hrant Dink, militant de la cause arménienne assassiné par un nationaliste turc. Fait surprenant, elle ne figurait pas dans la liste des finalistes du prix.

Les jurés du prix Renaudot ont en outre attribué un « prix spécial » à Philippe Lançon pour « Le lambeau » (Gallimard), qui a déjà remporté le prix Femina.

France 24

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