A Madagascar, près de dix millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour le premier tour de la présidentielle. Beaucoup de monde sur la ligne de départ avec 36 candidats pour une élection cruciale pour la Grande Île qui a tout connu depuis 15 ans : coup d’Etat, tentative de destitution, démission. Le vote a commencé quasiment à l’heure pour les opérations se déroulent dans le calme.
Dans le quartier Ampefiloha de la capitale Antananarivo, où vivent classes moyennes et populaires, il commence à y avoir un peu de monde dans les bureaux de vote. Mais la capitale était étonnamment calme ce mercredi matin. Sans embouteillage, la ville prenait des allures de dimanche matin, les rues étaient vides à 7h, heure locale. Aucun vendeur de rues. Pas de transport en commun, ce qui tranche avec l’effervescence habituelle.
Un élément tout de même qui rappelle que cette journée est spéciale, c’est le nombre considérable de forces de l’ordre déployées, notamment autour du grand stade municipal de Mahamasina, plus de 200 membres des forces d’intervention rapide. Puis devant ce bureau de vote d’un quartier de la ville, il y a des militaires en uniforme et à l’intérieur, des policiers en civil.
A 6h, il y avait une petite affluence. Mais depuis 8h (5h TU), de plus en plus de monde se presse devant les cinq bureaux de vote. L’ambiance est assez détendue, assez familiale même, en majorité des femmes accompagnées parfois de jeunes enfants. Le président du bureau de vote disait qu’il y avait peu de jeunes.
A la mi-journée, le taux de participation est de 40% selon les autorités. Pas de problèmes constatés au niveau des listes électorales jusqu’à présent et les gens semblent bien informés sur la procédure de vote, en tous les cas dans la capitale.
Un peu de retard dans certains bureaux
Dans un autre bureau de vote du centre-ville, les opérations ont commencé avec 25 minutes de retard, car il manquait les isoloirs. Ici aussi, n’y a pas une grosse affluence. Il n’y a pas de file d’attente, les gens rentrent et ressortent. C’est un quartier de la classe moyenne, de petits commerçants, une catégorie de la population qui a été beaucoup touchée par les différentes crises ces dernières années. Tous les votants ce matin évoquent cette l’économie qui n’a cessé de décroître depuis dix ans. « La situation est de pire en pire dans notre pays », disait une mère de famille, « c’est une catastrophe. On voit de plus en plus d’enfants dormir dans la rue qui ne sont pas scolarisés. Les jeunes même s’ils font des études ne trouvent pas de travail ». Un vieux monsieur qui a connu toutes les crises de ces dernières années déplorait justement ces crises politiques à répétition qui n’ont fait qu’appauvrir le pays : « Il faut du changement ».
Dans ce bureau de vote, la majorité des votants semblent pencher pour Marc Ravalomanana et estiment qu’il n’a pas pu terminer son mandat en 2009 quand il a été forcé de démissionner. En tout cas, c’est une élection importante à leurs yeux, car l’île est régulièrement secouée par des crises politiques. Et tous estiment qu’il est important que ce scrutin se déroule dans de bonnes conditions pour que le prochain président soit bien élu et puisse ancrer le pays dans la démocratie.
Vote à Toamasina
On vote aussi à Toamasina, la deuxième ville du pays. C’est une grande portuaire de l’Est et avec sa périphérie, elle compte 226 000 électeurs. Elle est l’une des villes qui comptent le plus de votants. Les électeurs sont arrivés au compte-gouttes ce matin dans un bureau de vote situé dans en plein centre de Toamasina. Des électeurs qui se sont levés tôt pour éviter l’affluence de la mi-journée. Le bureau de vote a ouvert ses portes à 6 heures du matin, comme prévu avec ses cinq membres. Un observateur de la société civile est aussi sur place. Cette année, de nouveaux bureaux de vote ont été mis en place pour éviter les files d’attente. Un bureau de vote peut accueillir au maximum 700 électeurs.
Les opérations sont moins fluides que prévu, car pas mal d’électeurs ne sont pas très au point sur l’utilisation du bulletin de vote unique même si des campagnes de sensibilisation ont eu lieu avant l’élection. Il faut régulièrement réexpliquer aux électeurs comment voter avec ce bulletin unique qui comporte les noms et les photos des 36 candidats à la présidentielle. Un des assesseurs de ce bureau de vote est chargé d’expliquer aux électeurs comment utiliser ce bulletin. Ce n’est pas la première fois que le bulletin unique est utilisé à Madagascar, mais la différence cette fois-ci, c’est qu’il faut compter de gauche à droite et non de bas en haut, ce qui perturbe certains électeurs et ralentit la fluidité dans ce bureau de vote.
RFI