Diapason, une thérapie numérique pour le traitement des acouphènes chroniques

Premier dispositif médical sous format mobile reconnu par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), Diapason permet d’améliorer le quotidien des acouphèniques. Interview de son cofondateur et dirigeant, Lilian Delaveau.

On fait parfois le procès des nouvelles technologies, en leur reprochant par exemple de nuire à notre santé à cause de leur aspect intrusif et addictif. Mais dans le secteur de la santé, elles sont capables de prouver leur agilité face à un appareil médical qui avance parfois moins vite que la recherche. Diapason fait partie de ces solutions-là.

Conçue pour accompagner les personnes souffrants d’acouphènes – ces bourdonnements et sifflements ressentis dans la tête et dans l’oreille, la « thérapie numérique » est disponible sous forme d’activités à suivre avec un smartphone. Ce dispositif médical inédit a été créé avec Alain Londero, un spécialiste français des acouphènes.

En France, un Français sur quatre serait touché par les acouphènes. Or, la consultation et le suivi régulier ne sont pas toujours des réflexes. Pour améliorer le quotidien des personnes souffrant d’acouphènes sans prise de RDV médical, Diapason propose des « activités issues de thérapies comportementales et de relaxation afin d’abaisser le niveau d’anxiété et de stress », des thérapies sonores pour faire baisser le niveau des acouphènes, des exercices pour se réadapter à un univers bruyant ou encore la possibilité de faire écouter à son entourage ce à quoi ressemble un acouphène. Passer une dizaine de minutes par jours sur ce serious game  pendant 3 à 4 mois permettrait de réduire les problèmes d’acouphènes.

 

Comment avez-vous eu l’idée de créer cet outil ? Souffrez-vous d’acouphènes ou avez-vous dans votre entourage une personne concernée ?

Avec Catherine Soladié et Renaud Séguier – qui souffre d’acouphènes mais ce n’est même pas la raison principale – nous avons découvert la problématique des acouphènes chroniques en échangeant avec des ORLs et d’autres médecins. On s’est rendus compte qu’il y avait une vraie souffrance, un véritable handicap invisible derrière les acouphènes, et qu’il était difficile de trouver des procédures adaptées alors même que la recherche avançait bien sur le sujet. Du coup, on est parti de là : et si on rendait accessible des méthodes qui ne le sont pas, en les incorporant à un média que tout le monde a sur lui aujourd’hui, à savoir le smartphone ? Diapason est l’aboutissement de cette réflexion sur les acouphènes mais l’ambition d’Immersive Therapy, c’est d’étendre cette approche à d’autres domaines et d’autres pathologies.

Vous avez lancé ce projet pendant vos études. Comment vit-on cette double casquette étudiant-entrepreneur ?

Entreprendre durant les études peut sembler risqué ou donner l’impression de vouloir brûler les étapes. Mais selon moi, l’entrepreneuriat c’est avant tout une histoire d’opportunité, et concernant Immersive Therapy l’opportunité qu’on avait sous les yeux ne pouvait pas attendre deux ans que je finisse mon parcours ingénieur à CentraleSupélec.

Et puis avec du recul, c’est aussi un moment dans sa vie où on a le moins de choses à perdre, à condition d’aimer faire quelques nuits blanches… Heureusement, comme ça a été mon cas avec CentraleSupélec, de nombreux établissements d’enseignement supérieur comprennent les enjeux et le sérieux d’un projet entrepreneurial tôt dans le parcours. Certaines structures comme les Pépite et le Statut Etudiant Entrepreneur apportent plus de crédibilité à une démarche d’aménagement de l’enseignement pour tenir compte de cette réalité.

Revenons-en à Diapason. Comment l’outil a-t-il été conçu ? Va-t-il subir des modifications à venir ?

Quand nous avons conçu notre produit, nous avions un objectif en tête : que la thérapie ne soit pas une contrainte. Pour éviter la contrainte matérielle, nous nous sommes concentrés sur des méthodes qui peuvent tenir dans un smartphone. Pour éviter la contrainte temporelle, nous avons fait en sorte que Diapason puisse être utilisé par tranche de 4 à 5 minutes, et que chacun puisse trouver le moment qui lui convient. Et enfin, pour la contrainte psychologique, nous avons choisi de faire des procédures que nous étions en train de numériser, des mini-jeux engageants. Aujourd’hui, Diapason est un ensemble de méthodes thérapeutiques sous forme de mini-jeux assez courts, et qui proposent des thérapies plutôt acoustiques, ou plutôt psychologiques. Bien entendu, c’est en évolution constante : il faut trouver de nouvelles manières de se soigner, plus agréables, intuitives. Et puis il faut que chacun y trouve son compte, alors nous multiplions les gameplays.

Comment incorporez-vous l’expertise du personnel médical qui vous accompagne à votre démarche ?

Le travail que nous menons sur Diapason est accompagné par plusieurs médecins et spécialistes du domaine, notamment le Dr Alain Londero, particulièrement reconnu sur le sujet. En parallèle de notre développement, nous avons déjà mis en place deux études au CHU de Rennes dont la première démarre en 2019. Ces études, auprès de cohortes de patients, vont nous permettre de démontrer que même sur un smartphone, la qualité des mesures et des traitements proposés par Diapason sont un véritable atout dans le traitement pour le patient, mais aussi dans la trousse à outil du médecin. Bien entendu, nous invitons tous les spécialistes qui traitent régulièrement avec des acouphéniques à nous contacter pour découvrir comment Diapason peut être un vrai plus pour les patients qu’ils accompagnent !

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