Alcaly Ben Mohamed Diouf: “Si Sonko franchit la barre des parrainages, ce sera encore un miraculé parce que…”

C’est un livre messianique, cette « Solutions pour un Sénégal nouveau » qu’égrène pèle mêle, comme un chapelet notre jeune barbu Sonko qui ne parle qu’aux siens de Pastef, une minorité, mais pas aux Sénégalais lambda majoritaires…“, c’est la perception qu’a Alcaly Ben Mohamed Diouf du livre de Ousmane Sonko.

Spécialiste en marketing politique, et DIG du cabinet Panafricain de Stratégies de rdv 2swrs (Cabinet 2SWRS), il s’est entretenu avec senego sur le “phénomène ” Sonko”, sa démarche, ses chances d’aller à la Présidentielle en 2019, entre autres points.

Entretien:

Que pensez-vous du “phénomène”  Ousmane Sonko?

Les analystes politiques vous dites le qualifient de phénomène Ousmane Sonko alors que mon analyse se fonde dans le cadre du concept de Marketing Politique ou produit nouveau. C’est à dire cette trilogie : perception, idée centrale et attente essentielle du prospect électoral à laquelle répond le Produit Sonko et son positionnement sur le marché qui est devenu identique à celui de beaucoup de ses concurrents car, rien d’original dans son offre sous forme de livre dont s’est gargarisé la presse et les réseaux sociaux alors qu’il est peu lu par la majorité des électeurs.

Pour nous autres Spin Doctors de la Com et du Marketing Politique, ce que les analystes appellent Phénomène, nous lui collons le sobriquet de grosse Bulle de savon transparente au soleil.

En tant qu’analyste politique, pensez-vous qu’il a une chance d’aller, au moins au second tour de la Présidentielle de 2019?

Si vous le permettez j’y répondrais avec ma 2ème casquette de Marketeur Politique ès qualité, compte tenu que tout produit doit être analysé sur sa courbe de cycle de vie qui comporte de manière rébarbative des phases : dont la naissance, son lancement, la croissance, sa maturité, son déclin et éventuellement son lifting, puis sa renaissance ou relance.

Alors franchement il faut être sérieux et je vais être cash, n’en déplaise à ses aficionados de supporters. Ousmane Sonko n’y sera point car la forme prend le pas sur le fond alors qu’il n’incarne pas la “Présidentiabilité” et il est le produit de son angle d’attaque sociétal alors comme disait Einstein : “ce ne sont pas ceux qui ont créé les problèmes qui pourront aider à les résoudre“.

Lorsqu’on a perdu dans son propre bureau de vote aux HLM Néma de Ziguinchor, cela veut dire qu’on manque de capacité à rassembler ou à coaguler…

Vu le repêchage avec les 33.706 voix de «Ndawi Askan Wi» dont il était tête de liste nationale, il n’y a pas de quoi fanfaronner lorsqu’on se retrouve avec 1,15% dans ce mouchoir de poche des faibles plus forts restes. Cette coalition qui regroupait le Pastef, “Yoonu Askan Wi”, Mrds, Ppas, Rnd…

Par conséquent, s’il franchit la barre des parrainages, ce sera encore un miraculé puisqu’il faut aller démarcher le prospect et non recueillir ses voix. J’enfonce le clou arithmétique en soulignant qu’il a bénéficié, en 2017 de l’adhésion active de mouvements ou organisations nationalistes, patriotiques et panafricanistes comme “Taxaw Temm”, la coalition Citoyenne pour le Changement (3C), “Ands/Burabe”, Diaspora “Dooleey Senegaal” et de la Diaspora “Siin Weti”.

A vous entendre parler, on sent que vous faites partie de ceux qui pensent que Sonko n’est pas un candidat sérieux. Et pourtant, depuis le lancement de son livre, sa côte de popularité ne cesse d’augmenter. Quelle analyse faite-vous, d’ailleurs de son livre “Solution”?

C’est un livre messianique, cette « Solutions pour un Sénégal nouveau » qu’égrène pèle mêle, comme un chapelet notre jeune barbu Sonko qui ne parle qu’aux siens de Pastef, une minorité, mais pas aux Sénégalais lambda majoritaires, ni aux baol baols de commerçants grands voyageurs devant l’éternel car, entre autre réforme financière déconsolidante, la suppression du Franc Cfa sans étude longitudinale de Benchmarking sous régional, la dualité laïcité pluralité, la question identitaire, confrérique et son financement après avoir fait un choix de barbu mondialement minoritaire.

Bref, je rappelle à tous ceux qui se gargarisent avec ces bouquins reluisants d’intello déjantés cascadant concepts, problèmes structurels, conjoncturels, développement endogène ou exogène, taux de croissance extravertis ou pas traduisant la bonne marche du pays même si non comestible comme disent les “sénégaliens” fatigués, faut ne pas confondre Pomme de terre et Angleterre… Cette mode des “Storytelling” non bidirectionnel ou livre programme, solutions qui foisonnent car chacun se la joue à réinventer la roue.

Bref, ces manies française sont à lire en B.U. ou dans les salons feutrés et non sur la place du village de l’île de Niodior dans le Gandoul ou dans les grands places du quartier Santhiaba de Ziguinchor et s’ils faisaient perdre ou gagner une élection ou pouvaient créer la prospérité du pays en boostant les taux de croissance, cela se saurait au coin du croisement Diamniadio.

Alors prétendre cogiter et ensuite accoucher de solutions miraculeuses relève du Don “Quichotisme” événementiel avec duel vs des journalistes généralistes comme contradicteurs alors qu’il nous fallait un débat d’idées de fond entre spécialistes des problématiques soulevées qui aurait servi à cristalliser les opinions. Finalité, ce n’est pas avec des solutions plus ou moins utopiques couchées sur du papier non lu par le peuple majoritaire et que seuls les nouveaux candidats en recherche de notoriété électorale pondent pour soigner leur égo, embellir les étagères de bibliothèques ou rester invendus dans les rayons de librairies qu’on accroît des pourcentages électoraux ou que l’on en engrange à partir d’une base plancher.

En tant que stratège en marketing politique, pensez-vous que Sonko fait une bonne campagne de Communication en choisissant la politique de victimisation et/ou de “déballages”?

Sans filtres, la dernière bourde avec rétropédalage de son COPIL (comité de pilotage) qui a perdu sa boussole concernant la demande de protection du candidat Ousmane Sonko, sans hésiter, je dis non, du tout, car il sursature l’espace médiatique avec un excès d’arrogance et d’autorité, domaine communication non verbale et verbale, dû à sa déformation professionnelle de “Zorro” du contribuable véreux.

Ce qui explique son positionnement  dans ce nouveau courant de la vague du dégagisme, au-delà du populisme. Parce que, les partis ont régressé, ce qui a latéralisé la politique au Sénégal. Cette overdose médiatique par les réseaux sociaux, le web 2.0 journalistique a fait qu’il a confondu vitesse avec leviers de rétrogradation puis freins et précipitation enivrante ou vertigineuse qui fait perdre la capacité d’écoute ainsi que le retour de terrain.

Ce qui a déclenché ce boomerang dévastateur des erreurs de Communication qui vous revient en pleine figure par absence de coaching ou dans un cas de management plutôt toxique que bienveillant, donc malveillant. Ce mal est inhérent à beaucoup de politiques mal inspirés ou volubiles parce qu’ils parlent bien et en oublient les outils et concepts puis le média training de répétitions des gammes.

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