Le dossier de la frontière irlandaise dans le Brexit est suivi de très près à Dublin. Ces 500 kilomètres entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande sont invisibles depuis vingt ans. On en a peu parlé pendant la campagne du Brexit, mais la frontière est devenue le sujet incontournable et elle a donc décidé de s’exprimer… sur Twitter.
A force d’être au centre des négociations, elle a voulu prendre la parole pour défendre son point de vue sur le Brexit. @BorderIrish se présente comme une frontière « ouverte et sans obstacle » et dit « avoir un peu peur des infrastructures physiques », référence à la crainte de voir renaître entre les deux Irlande des postes de douane. Elle qui est imperceptible aujourd’hui se demande par exemple si elle ne va pas « finir en clôture grillagée sur un parking de contrôles pour poids lourds ».
Seule solution pour lui éviter de redevenir une frontière physique : la mise en place du backstop, l’option qui permettrait de maintenir la libre circulation entre les deux Irlande. « Frontière invisible cherche backstop pour quelque temps, plus si affinités » a-t-elle posté ce mardi. Une petite annonce qui résume en fait d’un trait d’humour l’état actuel des négociations entre Bruxelles et Londres.
Ce compte Twitter est d’abord une bonne cure de rire pour dédramatiser les négociations âpres qui ont ravivé de vieilles rancœurs entre Britanniques et Irlandais. Même si @BorderIrish aime enfoncer le clou : « Le Brexit, c’est comme le football ou le cricket : inventé par les Britanniques qui s’avèrent ensuite être nuls à ça », se moquait-elle en mai dernier. Il faut dire qu’elle n’est pas neutre et aime s’attaquer aux pro-Brexit qui accusent Bruxelles d’instrumentaliser la frontière afin d’empêcher le Royaume-Uni de quitter l’Europe.
A l’inverse, les Britanniques pro-européens retweetent souvent @BorderIrish. Une division qu’elle a bien remarquée : « Je n’aime pas le Brexit mais, en tant que frontière, j’admire sa capacité à diviser tout un pays ». Des réflexions et des blagues suivies par près de 40 000 abonnés, dont le Premier ministre irlandais et des responsables bruxellois. @BorderIrish a même déjà été interviewée par des journaux et citée par des publications académiques. Son audience dépasse donc les réseaux sociaux.
Interactions
Au-delà des sarcasmes et de l’ironie, @BorderIrish crée beaucoup d’interactions et de conversations avec les internautes. C’est parfois même très sérieux : elle poste des cartes qui montrent les différents partenariats économiques qu’ont les 27 avec des pays tiers et quels accords douaniers cela impliquait. Elle commente des tribunes, des articles et elle débat aussi parfois avec des internautes à propos de faits ou d’avis qu’elle juge erronés voire biaisés.
A l’heure des réseaux sociaux, @BorderIrish met d’ailleurs en garde contre l’emballement médiatique, comme dans cette parodie de dessin pour enfants qui montre un chevalier qui lutte contre de hautes ronces. Dans ce parallèle avec l’insoluble question de la frontière, @BorderIrish fait dire au personnage : « Je suis sûr que c’est facile de sortir de ce piège, je le sais parce que je l’ai lu sur Twitter ! »
RFI