PARIS (AFP) –
La proportion de mineurs reçus dans les quinze centres de l’ONG en France n’a jamais été aussi grande que l’an dernier: ils représentaient plus de 14% des personnes accueillies (3.477 sur 24.338), contre 12,8% en 2016.
Leur âge moyen est de 10 ans et « un quart a moins de 5 ans », souligne l’ONG, selon laquelle plus de 96% de ces mineurs sont étrangers (près de la moitié viennent d’Afrique subsaharienne) et plus du tiers vit à la rue.
Pour cette catégorie de jeunes, toute la difficulté est d’évaluer leur âge et de savoir s’ils sont vraiment mineurs. Cela pousse l’ONG à dénoncer un « climat de suspicion » et une « remise en cause de la parole » de ces jeunes, qui doivent bénéficier selon elle d’une « présomption de minorité ».
« Ils sont livrés à eux-mêmes, ils errent et sont sans protection car l’Aide sociale à l’enfance est saturée », a expliqué le docteur Christian Bensimon, directeur du centre de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) lors d’une conférence de presse.
Ces mineurs non accompagnés sont en quasi-totalité des garçons de 15 à 17 ans et plus des deux tiers sont en France depuis moins de trois mois. Neuf sur dix viennent d’Afrique subsaharienne (Guinée, Côte d’Ivoire, Mali…).
– « Pathologies de la rue » –
« De plus en plus de ces mineurs quittent leur pays, leur famille », a commenté Yannick Le Bihan, directeur des opérations France de Médecins du monde.
« Particulièrement vulnérables en raison de leur âge et de leur isolement, ces enfants et adolescents constituent un public fragilisé, surexposé à des risques sanitaires, d’exploitation et de violences », juge Médecins du monde dans son rapport.
Le Dr Bensimon cite ainsi le cas d’une mineure non accompagnée venue d’Afrique reçue récemment dans son centre: « Elle avait été violée et était enceinte ».
Médecins du monde souhaite que tous ceux qui se présentent comme des mineurs non accompagnés puissent bénéficier d’un « véritable dispositif d’accueil » (hébergement, nourriture, soins).
Au-delà des mineurs, ce 18e rapport sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis rappelle que « les plus précaires sont aussi les plus mal soignés ».
Publié à la veille de la Journée mondiale du refus de la misère, mercredi, il plaide pour « un accès simplifié et sans obstacle à l’assurance maladie pour tous ».
« Il y a trois grands groupes de pathologies: les pathologies de la rue (mal de dos, problèmes digestifs, cutanés, respiratoires), les maladies chroniques et les pathologies de santé mentale (dépression, syndromes post-traumatiques liés à la migration) », souligne le Dr Bensimon.
Selon l’ONG, près de la moitié (49,4%) des patients précaires reçus en consultation l’an passé présentait « un retard de recours aux soins » et 38,6 % nécessitaient « des soins urgents ou assez urgents ».