Perpétuité requise contre le gendre d’Hélène Pastor, accusé de l’avoir fait assassiner

AIX-EN-PROVENCE (AFP) – 

Pour « faire échec et mat » à un homme accusé d’avoir fait assassiner sa belle-mère, la richissime héritière monégasque Hélène Pastor, et son chauffeur, l’avocat général a requis vendredi devant les assises des Bouches-du-Rhône la réclusion criminelle à perpétuité contre Wojciech Janowski.

Pierre Cortès a demandé aux jurés d’assortir cette peine d’une période de sûreté de 22 ans, le maximum. Dans le box, en costume-cravate rappelant une vie passée à tenter de devenir un notable de la Principauté, Wojciech Janowski n’a pas bronché.

« Janowski a crevé le plafond de l’indélicatesse en payant des tueurs à gage à sa solde avec l’argent de sa compagne », argent qu’elle tenait elle-même de sa mère assassinée à 77 ans, assène l’avocat général. Ce 6 mai 2014, au moment où elle et son chauffeur étaient mortellement blessés devant un hôpital niçois, Hélène Pastor venait de rendre visite à son fils Gildo, hospitalisé.

« Il a joué avec la vie des autres en spéculant non seulement sur celle d’Hélène Pastor, qu’il a fait supprimer, mais également sur celle de sa compagne », à laquelle il n’était pas marié, poursuit le magistrat: la fille d’Hélène Pastor était malade et il craignait qu’elle ne décède avant sa mère, l’éloignant de la colossale fortune familiale.

L’homme dont la chevelure a viré au gris avait promis 140.000 euros pour faire tuer sa belle-mère. Et « un bonus de 20.000 euros, le prix de la vie humaine pour lui », pour éliminer du même coup son chauffeur Mohamed Darwich.

Cet « employé honnête, consciencieux et dévoué », n’était pour Janowski « qu’un pion mal placé qui empêche d’emporter la reine », un témoin gênant qu’il convenait d’éliminer, a estimé le magistrat, au terme d’un minutieux réquisitoire de huit heures.

– Tuer en quatre secondes –

« Des splendeurs de Monaco (…) aux bas-fonds de Marseille », l’accusation a décortiqué la façon dont les dix accusés ont formé « une chaîne » aboutissant au double assassinat et demandé que tous soient condamnés.

Parmi eux, elle a réclamé deux autres peines de réclusion criminelle à perpétuité, à l’encontre d’exécutants, des malfrats marseillais qui ont enchaîné les maladresses.

Le premier, le tireur Samine Saïd Ahmed, recruté en hâte, a « tué par deux fois », « sans poser de questions ». « Il l’a fait en quatre secondes, tuer pour de l’argent, une vieille dame et son chauffeur, des gens dont ils ne savait rien », a souligné l’avocat général. Il est le seul à nier en bloc, mais « sa culpabilité est incontestable » au terme de l’enquête, selon Pierre Cortès.

Quant à son comparse Al Haïr Hamadi, que les enquêteurs ont pu suivre sur les vidéos surveillance sac de commissions à la main, « comme s’il avait un gyrophare sur la tête », « ses seuls regrets, c’est de ne pas avoir fait monter les enchères » pour sa rétribution.

Les réquisitions sont moins sévères à l’encontre de Pascal Dauriac, le coach sportif de Wojciech Janowski auquel il avait délégué l’organisation du guet-apens. L’avocat général a tout de même demandé 30 ans de prison à l’encontre de celui dont les aveux « rapides et complets », ont été décisifs pour l’enquête.

Il a décrit la manipulation, la « servitude volontaire » à laquelle s’est soumis cet homme, flatté par les discours de Janowski dans l’intimité de leurs séances de massage et de sport. Il n’a cependant jamais été « menacé » pour participer au crime.

Voyages et autres « cadeaux empoisonnés vont l’attacher », le faisant peu à peu adhérer au projet de double assassinat du gendre d’Hélène Pastor et à son discours: Janowski justifiait l’assassinat comme un « acte humanitaire » pour délivrer sa fille Syvlia de l’emprise supposée délétère et destructrice de sa mère.

« Il a probablement partagé avec Janowski un sentiment d’impunité face à des policiers français vu comme des +ploucs+ » qui ne pourront jamais remonter jusqu’à eux, poursuit l’avocat général.

Au total, 10 personnes comparaissent pour leur implication présumée à des degrés divers dans le double assassinat. Le procès doit se poursuivre, avec les plaidoiries de la défense, jusqu’au 19 octobre.

20 minutes.fr

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