Au lendemain de l’annonce du meurtre de la journaliste bulgare Viktoria Marinova retrouvée morte samedi dans un parc de Ruse, des veillées d’hommage ont été organisées dans plusieurs villes du pays.
Au pied d’un portrait grand format, des bougies forment un cœur. Deux jours après la mort de Viktoria Marinova, ses confrères et consœurs sont sous le choc. Bien que les motifs de ce meurtre demeurent officiellement inconnus, personne ne croit aux coïncidences. Sur la chaîne de télévision locale pour laquelle elle travaillait, la journaliste venait de consacrer une émission à une enquête sur des soupçons de fraude aux subventions européennes qui impliqueraient des hommes d’affaires et des élus.
« Tuer une jeune femme pour faire preuve de force, et forcer les gens à se taire, à les intimider pour éviter qu’ils cherchent la vérité, les empêcher de lutter pour une vie meilleure, c’est trop. Le message est clair. Après un ou deux reportages, voilà ce qui peut nous arriver », s’inquiète Eléna Nedkova.
Pour Maria Kostova, journaliste, ce meurtre particulièrement sanglant prouve que le gouvernement n’est pas digne de confiance : « C’est un meurtre terrifiant. Et la police n’est pas capable d’assurer notre sécurité. Ou alors on essaie de dissimuler quelque chose. Aux yeux des autorités, nous ne sommes qu’une foule. Nous ne sommes pas vraiment des être humains. »
Viktoria Marinova est la troisième journaliste tuée dans l’Union européenne en moins d’un an. Une tendance inquiétante, d’après Borislav Sandov du parti Les Verts. « C’est dans les pays à forte corruption, comme Malte, la Slovaquie, ou la Bulgarie, qu’on tue des journalistes. Ça n’arrive pas dans les pays occidentaux, où la démocratie est bien développée. Il y a là une corrélation, c’est certain », estime-t-il.
L’enquête de la police est en cours. Aucun suspect n’a encore été arrêté.
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) demande, elle, « une enquête approfondie pour savoir exactement ce qui s’est passé », car « il y a des versions différentes qui circulent », souligne Pauline Ades-Mevel, responsable du bureau Europe. En attendant les résultats de l’enquête, elle appelle les autorités bulgares à protéger les journalistes.
Source: Rfi