Pétrole: l’Iran estime que Ryad ne pourra compenser la chute de ses exportations

TÉHÉRAN (AFP) – 

 L’Iran a estimé lundi que les marchés ne croiraient jamais aux prétentions « exagérées » de l’Arabie saoudite sur sa capacité à compenser la perte de production liée au prochain rétablissement des sanctions américaines contre le secteur énergétique iranien.

Après s’être retiré en mai de l’accord de 2015 sur le nucléaire, Washington doit rétablir début novembre une deuxième série de sanctions contre Téhéran visant spécifiquement ce secteur, laissant présager une possible chute des exportations iraniennes de pétrole.

Face à l’hypothèse d’une raréfaction de l’offre, et d’une flambée des prix –un chiffon rouge pour le président américain Donald Trump–, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a récemment affirmé que Ryad était en mesure de compenser les baisses des exportations de brut iranien.

« De telles exagérations peuvent plaire à M. Trump, mais le marché n’y croira jamais », a réagi lundi le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, sur Shana, le site d’informations de son ministère.

« Ces affirmations résultent de la pression de M. Trump sur les autorités saoudiennes. En réalité, ni l’Arabie saoudite ni aucun autre producteur n’a de telles capacités », a-t-il ajouté.

Dans son interview à l’agence Bloomberg publiée vendredi dernier, Mohammed Ben Salmane affirme que son pays a « accompli son travail et plus » en compensant la récente chute d’exportations de pétrole iranien.

Le prince héritier saoudien a également indiqué que les exportations iraniennes avaient d’ores et déjà baissé de 700.000 barils par jour (bpj) depuis mai.

Il n’existe toutefois aucun chiffre officiel sur le sujet, notamment car l’Iran a commencé à désactiver les appareils de localisation sur certains cargos d’exportation de pétrole depuis le retour des menaces de sanctions, selon des experts. En avril, Téhéran exportait de 2,5 à 2,7 millions/bpj.

« Nous exportons deux barils pour chaque baril iranien supprimé ces derniers temps », a encore assuré le prince Ben Salmane à Bloomberg.

Mais pour M. Zanganeh, les Saoudiens ont simplement « rouvert leurs vieilles réserves », et leur capacité de production n’a pas augmenté.

Les affirmations de Ryad pourraient avoir « un effet psychologique à court terme », mais elles ne signifient pas grand-chose pour les marchés mondiaux, qui ont déjà exprimé leur inquiétude en relevant les prix, a-t-il ajouté.

Les cours du pétrole ont atteint en fin de semaine dernière leur plus haut niveau en quatre ans, à plus de 74 dollars le baril à New York (Nymex), face à la crainte de voir l’Iran exclu du marché.

Lundi, ils ont toutefois amorcé un léger repli, les marchés espérant une réduction de l’offre iranienne moins marquée que prévu.

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