Le manque de devises fragilise l’économie éthiopienne

Pour la première fois depuis plus de dix ans, la Banque mondiale va fournir une aide budgétaire directe à l’Éthiopie. L’institution internationale prévoit de verser dans les prochains mois 1 milliard de dollars américains au pays de la Corne de l’Afrique. Une mesure de soutien au moment où le gouvernement éthiopien s’engage sur une voie réformatrice. En juin dernier, il a annoncé l’ouverture partielle ou totale du capital de certaines entreprises publiques, dont les plus importantes comme Ethiopian Airlines et EthioTelecom. Un soutien bienvenu, tant l’économie éthiopienne souffre d’un manque de devises étrangères et d’un endettement jugé trop élevé.

Le chiffre n’est pas précisément connu, mais l’Éthiopie disposerait d’environ un mois d’importation en dollars dans les coffres de la Banque centrale. C’est très peu et c’est dû aux mauvaises performances en termes d’exportations sur l’année fiscale passée : de juillet 2017 à juin 2018. Seul un tiers de l’objectif a été atteint, a annoncé le Premier ministre devant le Parlement lors de la présentation du nouveau budget 2018 – 2019.

Birhanu Fikade est journaliste spécialisé dans le domaine économique pour l’hebdomadaire le Reporter. Selon lui, « Pour améliorer cela, cette économie doit produire beaucoup. Et l’industrie semble un petit peu trop apathique pour soutenir l’économie, malgré les investissements. »

Prudence dans les dépenses

Résultat, a dit Abiy Ahmed, le Premier ministre, il faudra être « plus efficace et plus prudent » dans les dépenses. Ces grands investissements, comme la construction de parcs industriels, du chemin de fer Addis-Djibouti ou du grand barrage sur la Nil Bleu, ont coûté énormément et creusé la dette. Elle atteint quasiment 25 milliards de dollars soit un peu plus de 30 % du produit intérieur brut éthiopien.

« Désormais la Banque mondiale est la seule institution internationale qui prête à ce gouvernement parce qu’il n’est plus en mesure de signer des prêts non-concessionnels ou commerciaux », constate le journaliste. Le milliard de dollars de la Banque mondiale est donc bienvenu.

D’autres solutions de soutiens financiers

Le pays peut aussi compter sur les Emirats Arabes Unis. Ils ont promis d’injecter directement un milliard de dollars dans les coffres de la Banque nationale d’Éthiopie. Quant à l’Arabie Saoudite, elle devrait étaler le délai de paiement pour le pétrole que lui achète Addis-Abeba.

« Pour moi, c’est comme prendre un anti-douleur », analyse Birhanu Fikade. « Puisque la pénurie de devises est aigüe, il faut un remède immédiat sinon ce sera le bazar. Donc, pour le moment, tant qu’il n’y a pas une solution pérenne à ces problèmes macroéconomiques, que faire ? Il faut chercher une aide ailleurs afin d’éteindre l’incendie. »

Les institutions financières chinoises détiennent une part importante de la dette éthiopienne. Pékin en a récemment rééchelonné le remboursement. Un autre bol d’air pour l’Éthiopie.

RFI

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