Frontière turco-syrienne: l’afflux de réfugiés syriens inquiète à Reyhanlı

Quelque 3,5 millions de réfugiés syriens vivent actuellement en Turquie. Et leur poids commence à peser sur le pays, après sept ans de guerre. Dans les villes frontalières turques, qui ont accueilli souvent à bras ouverts les Syriens, certains habitants sont aujourd’hui excédés. Reportage à Reyhanlı, ville multiethnique de 90 000 habitants située à la frontière turco-syrienne.

C’est l’heure de la pause déjeuner dans ce restaurant de Reyhanlı, une petite ville dont la population a explosé avec l’arrivée des réfugiés syriens. Tout ce monde, c’est bon pour les affaires, lance un commerçant : « Sans les Syriens, Reyhanlı c’était fini. Ils ont ramené de l’activité ! »

Mais au restaurant, tout le monde n’est pas d’accord. Des clients attablés protestent contre la présence de réfugiés dans la ville et le ton monte. « Notre vie allait beaucoup mieux avant, quand les Syriens n’étaient pas là ! », crie une femme. « Ils prennent le travail de nos jeunes », renchérit un homme.

Une augmentation de l’insécurité

 Mahmoud, qui travaille au restaurant, affirme pour sa part que les prix ont augmenté avec l’arrivée massive de ces populations : « Les loyers des commerces et des habitations ont augmenté, car il y a beaucoup de demande. Elle a presque doublé », constate-t-il.

Dans une supérette de Reyhanlı, Ali Skifoglu, le patron, peste également contre les Syriens qui lui font de la concurrence. Il dénonce surtout l’insécurité qui règne selon lui en ville. « Il n’y a plus de tranquillité. Avec l’arrivée des Syriens, à tout moment des bombes peuvent exploser », explique-t-il.

Ali Skifoglu a en mémoire le double attentat de 2013, qui avait fait plus de 50 morts à Reyhanlı. Attentat attribué au régime de Damas. Insécurité, poids économique des réfugiés… selon cet habitant, la situation n’est plus tenable. Il faut, dit-il, que les Syriens repartent chez eux de l’autre côté de la frontière.

 

■ Les habitants d’Idleb attendent la paix

En Syrie, la création d’une zone démilitarisée dans la région d’Idleb doit encore être finalisée d’ici au 15 octobre. Un défi pour les Turcs, qui ont conclu un accord avec les Russes afin d’éviter un assaut sanglant sur la dernière grande poche insurgée de Syrie. Les groupes rebelles, soutenus par la Turquie, doivent déposer les armes mais encore faut-il les convaincre.

Les habitants d’Idleb attendent en tous cas la paix. Majid, 34 ans, est originaire de Jisr al-Choghour, un village qui doit se trouver dans cette zone démilitarisée. Les envoyés spéciaux de RFI l’ont rencontré à la frontière turco-syrienne.

« Les gens sont contents de l’accord entre les Turcs et les Russes, confie Majid. Mon village est juste à la frontière, entre la zone tenue par les rebelles de l’Armée syrienne libre et les forces gouvernementales. Notre village n’est pas loin de la frontière turque non plus. S’il y avait une opération militaire, le premier village visé par le régime de Bachar el-Assad serait le notre ! »

« Après qu’on a appris qu’il y avait cet accord entre Erdogan et les Russes, ça nous a remonté le moral, continue-t-il. Si Dieu le veut, on espère que ça ira mieux. J’espère personnellement pouvoir rentrer chez moi au début de l’année prochaine. Si ça continue et que la paix arrive, on rentrera grâce à Dieu. En Syrie, il n’y a pas une famille qui n’ait vécu des drames, perdu des proches et des biens. Les gens en ont assez. Personne n’est content, mais aujourd’hui, il y a un espoir. »

RFI

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