Golf: la fusée Tiger Woods propulse la Ryder Cup

La Ryder Cup est une compétition qui oppose les meilleurs golfeurs américains aux meilleurs européens. Elle se déroule exceptionnellement près de Paris, du 28 au 30 septembre 2018. Avant cet événement, un point focalise l’attention du public : Tiger Woods. A 42 ans, tel un phénix, ce sportif renaît de ses cendres et tient à montrer son talent aux jeunes générations.

« Vous pensez que demain il aura le temps ? » Ilan a dix ans, il porte un livre qui semble plus gros que lui : Tiger Woods, ma méthode. Ilan rêve d’une dédicace, d’une poignée de main de sa star, voire juste un sourire.

En ce moment au golf national de France, à Saint-Quentin-en-Yvelines, les journées d’entraînement s’enchaînent pour les joueurs qui vont en découdre du 28 au 30 septembre 2018, durant la Ryder Cup. Les champions repèrent le terrain, les dénivelés des greens, la profondeur du rough et les spectateurs ont une occasion un peu inespérée de croiser des stars du golf détendues sur le parcours.

D’un côté l’équipe européenne, de l’autre l’équipe américaine. Et l’unique Tiger Woods qu’Ilan, fier golfeur de 14 de handicap et jeune recrue dans le pôle espoir de la Fédération française, suit consciencieusement. Il n’a d’yeux que pour le « Tigre ». Mais, même s’il ne perd à aucun moment son sourire, il est un peu peiné, car son héros n’a pas daigné lui accorder du temps.

Tiger Woods est ailleurs. Il n’a pas le temps et il n’aura pas le temps ! Il se protège aussi. Il ne s’agit pas du paradoxe du golfeur professionnel qui semble détendu sur le parcours à taper en fausse décontraction alors que sa concentration est au maximum ? Non il s’agit surtout d’un autre paradoxe rattaché au golfeur le plus médiatisé et qui a été une source de fantasmes pour beaucoup.

Tiger  Woods est un enfant prodige construit par un père tyrannique. Il y a presque du Michael Jackson en lui au sens où la marionnette est parfaite mais l’être humain pas forcément bien construit. La carapace a tenu longtemps. Tiger Woods a sportivement bousculé l’ambiance des parcours, véritablement secoué les mentalités et fait rêver quand de son poing rageur, ces fameux fist pump, il semblait provoquer les birdies puis les victoires comme un boxeur enfonce son poing dans le foie de son adversaire. Avec, pour décor, une vie personnelle aussi belle et lisse qu’un parcours américain.

Puis la vitrine a véritablement volé en éclats fin 2008, après un accident de voiture, une arrestation. La marionnette s’est disloquée. Exhibé par la presse à scandale, le champion est apparu aux yeux de tous comme un prédateur sexuel, avec des soupçons de dopage et au final des blessures physiques importantes. Une longue chute, un désert qu’il a traversé seul, sans ses clubs et abandonné même par ses sponsors. Peu le pensaient capable de revenir, encore moins à son meilleur niveau. Alors quand cette année, à 42 ans il retrouve le chemin de la victoire, on peut réellement parler de rédemption. C’est en tout cas unique dans l’histoire d’un sport.

A Saint-Quentin-en-Yvelines, Tiger Woods explique qu’il a de nouveau soif de victoire, fort de son physique qui est revenu. Il détaille même, lors de sa conférence de presse, sa nouvelle envie d’en découdre avec la jeune génération : « Il y a un an, j’étais sur une pente descendante et eux sur une pente ascendante. Ils n’avaient jamais vraiment joué contre le vrai Tiger, je veux dire quand je jouais à mon meilleur niveau. […] Tous ces gars n’avaient pas joué contre moi. Je pense que quand mon jeu est en place, j’ai toujours été difficile à battre. Ils s’en sont d’ailleurs amusé en disant “on veut jouer contre toi”. Eh bien voilà. Je suis là. »

Il est là et cela fait le bonheur de cette foule venue pour les premières journées de la Ryder Cup. « Il est le golf, comme Pelé pour le foot ou Jordan pour le basket, c’est un privilège de l’approcher », assure Georgio à l’AFP. Cet Italien a fait le déplacement avec trois autres amis depuis Bologne. Nicole, une Américaine de Philadelphie, en quête d’autographes affirme : « Ce week-end, il y aura trois équipes : l’équipe d’Europe, celle des Etats-Unis et l’équipe de Tiger ! » Le premier milliardaire de l’histoire du golf, qui a été numéro un mondial du circuit professionnel durant 683 semaines au cours de sa carrière, transcende les nationalités.

Interrogé sur son état physique et les risques qu’il prenait à l’époque, il déclare à Paris : « J’ai essayé de réussir pour les mauvaises raisons. Mon père était en train de mourir et je savais que ce serait le dernier tournoi où il pourrait me voir jouer. Après le Masters en 2006 (où il avait perdu) il m’a passé un savon : « Je pensais t’avoir appris à jouer pour être heureux, à jouer pour toi-même, pour ton propre bonheur. C’est ce que je t’ai enseigné toute ta vie. » Et il avait raison. » Tiger Woods semble plus heureux en tout cas, épanoui aujourd’hui dans l’écrin qu’est devenu le golf national spécialement préparé pour cette compétition.

Une chose est certaine, il y aura de l’ambiance aux départs. La frappe de chaque joueur au trou numéro un est attendue par la foule amassée dans un immense stade et redoutée par certains joueurs. La foule, les cris, les rires et les chansons peuvent déstabiliser les meilleurs. Tiger Woods raconte son premier souvenir de Ryder Cup ainsi : « Pour ma première Ryder Cup (en 1997), je me rappelle avoir été associé à Mark O’Meara. C’était lui le vétéran. Il m’a dit : « Vu le tracé, tu devrais commencer sur les trous impairs« . Et je lui ai dit, « oui mais les pairs me plaisent bien« . Mais il a insisté : « Non, c’est toi qui vas jouer au premier tee. » C’était lui le vétéran. Je l’ai écouté. J’ai joué un fer 2, la balle a traversé tout le fairway, et heureusement, tout s’est bien passé. »

L’ambiance est caractéristique lors des Ryder Cup, presque incongrue sur un golf, avec beaucoup de bruit, beaucoup de bières, de la joie et des rivalités de supporters comme dans un stade de football. Tiger Woods résume avec humour ce qu’il se passe depuis quelques années où l’art de l’applaudissement a disparu : « Les gens n’applaudissent plus parce qu’ils ont leur portable dans la main. Ils crient et même plutôt fort, et spécialement tard dans la journée et après quelques bières, ça devient encore plus bruyant. Je pense que ce sera pareil cette semaine. »

Source France 24

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